élévisée du Premier ministre Jean-Marc Ayrault, le 30 novembre 2012 à Florange (Photo : Jean-Christophe Verhaegen) |
[02/12/2012 12:56:07] PARIS (AFP) C’est à des syndicats déçus et à une direction d’ArcelorMittal muette sur une partie des engagements évoqués par le gouvernement que l’exécutif va faire face cette semaine, après la décision vendredi de faire confiance à l’aciériste plutôt que de nationaliser Florange.
“La décision du gouvernement crée beaucoup de déception et laisse un goût amer”, déclare Jean-Claude Mailly, le secrétaire général de Force ouvrière, dans le Journal du Dimanche. Il se dit “très sceptique sur les engagements de Mittal”, qui reste muet sur le futur des hauts fourneaux.
“Lors de la fermeture de Gandrange, il avait promis 320 millions pour Florange, on n’en a jamais vu la couleur, les salariés sont échaudés”, ajoute le responsable syndical, en référence à l’engagement d’ArcelorMittal d’investir 180 millions d’euros sur une partie du site de Florange dans les cinq prochaines années.
ArcelorMittal du site de Florange, le 29 novembre 2012 (Photo : Joel Saget) |
A l’unisson, le responsable CFDT du site de l’aciérie, Edouard Martin, avait affirmé dès vendredi que les salariés avaient été “une nouvelle fois trahis”, même si le plan annoncé par Jean-Marc Ayrault permet d’éviter un plan social pour les 629 salariés qui étaient menacés.
“Jusqu’à la dernière minute quasiment, on nous a fait croire que la nationalisation temporaire était acquise. On n’a pas compris du tout ce pataquès de dernière seconde où Jean-Marc Ayrault a annoncé une piste qui n’avait jamais été évoquée”, a-t-il ajouté samedi.
M. Martin s’est demandé “si à un seul moment le Premier ministre a cru à l’hypothèse de la nationalisation” temporaire recommandée par le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg.
Même si tous les syndicats représentés à Florange ne sont pas aussi catégoriques, ces déclarations préfigurent une réunion mouvementée mercredi entre le Premier ministre et l’intersyndicale.
“Pas de confiance”
à gauche) discute avec les salariés de Florange, le 30 novembre 2012 à Paris (Photo : Fred Dufour) |
D’autant plus que dans les rangs mêmes du gouvernement, l’attitude future d’ArcelorMittal inquiète également. “Il y a un accord, il n’y a pas de confiance”, a déclaré dimanche la ministre de l’Ecologie Delphine Batho au “Grand rendez-vous” d’Europe 1/Aujourd’hui en France/iTélé.
“Jamais Mittal n’a tenu ses promesses dans le passé”, a-t-elle rappelé, jugeant que le gouvernement restait dans un “bras de fer” qui n’est “pas terminé” avec Lakshmi Mittal, le patron d’ArcelorMittal.
Principal doute quant à la bonne foi de l’aciériste, le fait qu’il ne mentionnait à aucun moment samedi le projet européen Ulcos qui est supposé à terme permettre le redémarrage d’un des hauts fourneaux de Florange pour produire de l’acier en émettant beaucoup moins de CO2. Le gouvernement affirme pourtant qu’ArcelorMittal s’est engagé sur ce dossier.
à Matignon à Paris le 30 novembre 2012 (Photo : Kenzo Tribouillard) |
Samedi, le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg a souligné que Mittal s’était simplement “engagé à étudier le projet” Ulcos.
Et il en profité pour tancer M. Ayrault, alors qu’il s’est refusé à quitter le gouvernement malgré le désaveu public de ce dernier: “Je crois que le Premier ministre peut faire preuve d’encore plus de fermeté pour obtenir davantage d’ArcelorMittal”.
Pour ajouter une pierre à la reconstruction de son image de ministre combatif, il a également renvoyé Matignon et l’Elysée dos à dos, affirmant que le président François Hollande lui avait assuré samedi matin que “la nationalisation temporaire restait sur la table car c’est une arme dissuasive” si ArcelorMittal ne tenait pas ses engagements.
à Florange (Photo : Jean-Christophe Verhaegen) |
Reste à savoir si les deux têtes de l’exécutif divergent vraiment sur le fond de la question ou si elles se sont réparti les rôles afin de maîtriser Arnaud Montebourg. Un ministre dont l’agitation exaspère parfois au sein du gouvernement mais dont l’action apaise aussi les tensions avec la gauche du PS.
La ligne défendue au gouvernement reste que la menace d’une nationalisation agitée par le ministre a permis de faire plier Lakshmi Mittal pour qu’il renonce à la fermeture de la partie non rentable du site, celle de la fabrication de l’acier brut.