L’accord sur Florange, une aubaine pour ArcelorMittal

photo_1354546828430-1-1.jpg
éponyme, le 8 février 2012 à Luxembourg (Photo : Jean-Christophe Verhaegen)

[03/12/2012 15:06:15] PARIS (AFP) L’encre de l’accord intervenu entre ArcelorMittal et le gouvernement sur le sort de Florange à peine sèche, les bons connaisseurs du dossier s’accordaient pour dire que Mittal sort grand gagnant de l’affaire, n’ayant consenti des concessions qu’à la marge sur ses plans initiaux.

Matignon a obtenu du géant de l’acier la garantie qu’il n’y ait pas de plan social, un plan d’investissement de 180 millions d’euros sur cinq ans pour la filière “froide” (transformation et finition de l’acier) et le maintien des hauts-fourneaux “sous cocon” en attendant la réalisation du projet expérimental de captage-stockage de CO2 Ulcos sur le site.

Si les deux parties ont salué un “bon accord”, c’est surtout ArcelorMittal qui a raison de se réjouir, tant les décisions prises s’approchent de ce qu’il prévoyait de faire dès l’annonce de la fermeture définitive des hauts-fourneaux.

Le sidérurgiste a-t-il fait des concessions significatives ? “Non”, répond clairement Guy Dollé, qui était patron d’Arcelor à l’époque de la fusion, dans Les Echos. “Il ne fait qu’exécuter son plan initial”, confirme, à l’unisson, Jean-Louis Pierquin, ancien dirigeant du groupe et président du pôle de compétitivité Materalia.

D’autres experts, qui ne souhaitent pas être cités, font la même analyse.

photo_1354546652395-1-1.jpg
énérale de Florange en date du 30 novembre 2012 (Photo : Jean-Christophe Verhaegen)

Les 180 millions d’euros investis “ne sont pas l’effet de la fermeture” des hauts-fourneaux, ils sont “la rentabilisation de la fermeture” explique M. Pierquin.

“Les 180 millions se seraient faits de toute façon”, ajoute-t-il. “Les investissements sont vraisemblablement du même ordre que ceux habituellement consentis au site”, estime aussi Guy Dollé.

Cet investissement représente 36 millions par an, soit un effort assez similaire aux 30 millions d’euros investis chaque année à Florange entre dans les 7 ou 8 dernières années.

“Ca ne veut pas dire pas de suppression d’emplois”

Ce montant est de plus notablement inférieur à celui mentionné dans le rapport remis au gouvernement sur la viabilité du site de Florange par l’expert Pascal Faure en juillet. Il estimait à 80 millions par an l’effort nécessaire dans les cinq prochaines années: 25 millions sur la filière dite “chaude”, dont la fermeture à finalement été actée, soit 55 millions pour le “froid”.

Autre aspect: l’absence de plan social. “C’était son intérêt et c’était vraisemblablement ce qu’il aurait fait”, commente M. Dollé. “Il n’était pas nécessaire d’avoir un plan social compte tenu de la pyramide des âges”, poursuit-il.

“Pas de plan social, ça ne veut pas dire pas de suppression d’emplois”, souligne de son côté M. Pierquin. Vendredi soir, une source à Matignon avait effectivement précisé qu’il y aurait des suppressions de postes induites par les départs à la retraite.

“Un accord sera négocié avec les organisations syndicales sur la base du volontariat”, a fait savoir samedi ArcelorMittal, sans préciser.

Quant aux hauts-fourneaux qu’ArcelorMittal souhaitaient fermer et qui doivent être mis sous cocon, ce n’est pas par le projet Ulcos que passera leur salut.

“Faire croire qu’Ulcos va sauver les hauts-fourneaux lorrains, c’est de la tromperie”, assure l’ancien patron d’Arcelor, qui met en avant, tout comme M. Pierquin, le côté expérimental et temporaire du projet.

Pire, le maintien “en l’état” des installations dans l’optique d’y réaliser Ulcos est certes une manière de “sauver l’honneur” pour le gouvernement au sujet des hauts-fourneaux, comme l’indique M. Pierquin. Mais c’est aussi une aubaine pour ArcelorMittal, qui n’aura pas à procéder immédiatement à un démantèlement et à la dépollution du site, des opérations autrement plus coûteuses que la simple mise en sommeil des installations.