EADS (Photo : Johannes Eisele) |
[03/12/2012 19:20:47] PARIS (AFP) La France a annoncé lundi un accord imminent avec l’Allemagne pour restructurer le capital du groupe européen d’aéronautique EADS après des mois de négociations, perspective saluée par les investisseurs.
Début octobre, les deux gouvernements n’avaient pu s’entendre sur un projet de fusion de la maison mère d’Airbus avec le fabricant d’armes britannique BAE Systems. A présent, “un accord est proche” pour recomposer l’actionnariat du groupe, a déclaré le président français François Hollande.
Mais “il n’est pas encore complètement signé”, a-t-il ajouté. L’annonce de l’accord pourrait donc n’intervenir que mardi après la clôture de la bourse, selon le site d’information économique Latribune.fr
“Certains protagonistes du dossier espéraient même une annonce ce lundi soir après Bourse, mais en raison du grand nombre de parties concernées et d’avocats autour de la table, tout ne pouvait pas être ficelé”, rapporte ce site, sans préciser ses sources.
Cet accord, selon M. Hollande, “doit permettre de donner de la stabilité mais également aussi une démarche d’avenir pour cette grande entreprise”.
L’Allemagne va monter au capital pour assurer l’équilibre avec la France, quand l’actionnaire allemand de référence, le constructeur automobile Daimler, s’en retire.
Mais en revanche, d’après Latribune.fr, EADS a obtenu d’être un peu moins dépendant de ses actionnaires étatiques: France, Allemagne et l’Espagne, qui ont créé le groupe en 2000 et le contrôlent.
Les Etats n’auront “pas de droit de veto individuel sur les choix opérationnels de la direction”, écrit La Tribune, et il leur sera impossible “de nommer directement les administrateurs”.
EADS s’est refusé à confirmer ces informations. Mais une source proche du dossier estimait la Tribune bien informée.
Si cette version était confirmée, le groupe pourrait s’en sentir soulagé. L’arrivée de la banque publique KfW au capital alimentait en effet la crainte de voir Berlin resserrer son étreinte sur la direction, selon un conseil d’EADS.
L’Allemagne s’était opposée au projet de fusion avec BAE et elle n’a pas digéré la décision du nouveau patron d’EADS, l’allemand Tom Enders, d’installer le quartier général du groupe en France, à Toulouse.
De son côté, la société EADS a fait savoir lundi qu’elle entendait “préserver et renforcer, si besoin, les intérêts … des actionnaires”.
ésident français François Hollande, en conférence de presse, le 3 décembre 2012 à Lyon (Photo : Philippe Desmazes) |
Les Etats n’ont plus de feuille de vigne
Le message a été interprété comme une confirmation de l’intention prêtée au groupe de procéder à des rachats de titres, pour soutenir le cours quand ses actionnaires industriels les vendront.
Réaction: le titre EADS s’est apprécié de 2,14% à la Bourse de Paris, clôturant à 26,44 euros contre 25,89 vendredi.
La sortie prochaine de Daimler du capital et celle de l’autre industriel de référence, le groupe de media français Lagardère, attendue en 2013, va mettre un terme au pacte d’actionnaires et retirer aux Etats leur feuille de vigne.
Leur participation se fera au grand jour, alors qu’en 2000 Berlin avait confié la défense de ses intérêts à Daimler. L’Allemagne avait également exigé de l’Espagne et la France créent des paravents juridiques. La France avait confié ses parts à Lagardère qui vote en son nom au conseil administration.
Les Etats doivent donc former une nouveau partenariat mais ils ne pourront plus contrôler, même indirectement, que moins de 30% du capital, et non plus 51% comme à présent.
La loi néerlandaise, qui régit EADS domiciliée aux Pays-Bas, oblige en effet les actionnaires, individuels ou agissant en concert, à lancer une OPA sur l’ensemble de la société dès qu’ils atteignent le seuil de 30%.
Dans le scénario le plus fréquemment évoqué, la participation de la KfW passerait de 1% à 12%. Elle rachèterait 6,5% au fonds d’investissement allemand Dedalus, formé de banques régionales publiques et d’investisseurs privés, et les 4,5% restants à Daimler.
La France détenant 15% du capital, l’équilibre franco-allemand serait préservé en parquant 3% des actions dans une structure juridique séparée, sans droits de vote. D’après La Tribune, Paris aurait un délai de deux ans pour s’en défaire.
En attendant, Paris et Berlin auraient chacun 12% des droits de vote. Même si l’Espagne conserve 5,5% des actions, la barre des 30% n’aura pas été franchie.