Le secteur bancaire menacé par de nouvelles coupes dans les effectifs

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érentes agences bancaires se succèdent dans une rue de Rennes (Photo : Damien Meyer)

[04/12/2012 08:43:13] PARIS (AFP) Alors que les banques, dans la tourmente, réfléchissent à leur réorganisation, les syndicats redoutent de nouvelles suppressions de postes qui pourraient aggraver le “malaise” dans ce secteur en “perte de sens généralisée”.

“Aujourd’hui, pour maintenir un certain niveau de rentabilité, les grands groupes français risquent d’annoncer des suppressions de postes comme l’an passé”, prévient Stéphane Busiris, secrétaire fédéral FO Banques.

Depuis fin 2011, plusieurs établissements ont en effet annoncé des tailles dans leurs effectifs en France, principalement dans les banques de financement et d’investissement (BFI).

Entre 1.700 et 2.100 suppressions de postes sont prévues d’ici à 2020 à la Banque de France. Le Crédit Agricole en envisage 850, BNP Paribas 373 et la Société Générale a déjà supprimé 880 postes.

“Dans la BFI, les réductions d’effectifs vont se poursuivre à très court terme”, confirme Eric Lamarque, responsable de la chaire “management des entreprises financières” à l’université Bordeaux IV.

“Le secteur a redimensionné ses activités en raison du ralentissement des activités de marché dans les entreprises et du nouveau cadre réglementaire (dit de Bâle III) imposant aux banques de détenir plus de fonds propres”, explique-t-il.

D’après une étude du cabinet Roland Berger publiée en novembre, “40.000 suppressions de postes seront nécessaires”, dans le secteur bancaire mondial, confronté à “des problèmes structurels de rentabilité”.

De vastes restructurations touchent actuellement des groupes européens, mais “le modèle français, avec ses banques moins spécialisées, résiste plutôt bien”, relativise Jean-Claude Guéry, directeur des affaires sociales de la Fédération française bancaire, qui prévoit “une stabilisation des effectifs en 2012”.

Pression pernicieuse sur les commerciaux

Le secteur emploie en France plus de 370.000 personnes, dont 80% dans la banque de détail.

Or pour les syndicats, des menaces pèsent désormais sur ce réseau de proximité, jusqu’ici relativement épargné.

“Les taux d’intérêt sur les crédits sont à des niveaux historiquement bas, ce qui veut dire que les banques réduisent leurs marges. Comme il faut baisser les charges, on comprend où vont taper les directions”, s’inquiète Régis Dos Santos, président du Syndicat national de la banque et du crédit.

D’ores et déjà, un appel à la grève court pour le 8 janvier à la Société Générale. “Plusieurs centaines d’emplois sont menacés” et des fermetures d’agences seraient envisagées, selon l’intersyndicale.

“La banque de détail se pose des questions sur la densité de son réseau”, note Eric Lamarque, qui entrevoit “un repositionnement des agences, d’ici 2 ou 3 ans avec quelques banques qui pourront annoncer des fermetures” et des “redéploiements” vers les services en ligne.

Mais pour Stéphane Busiris (FO), le secteur atteint déjà “des limites”. “Les salariés ont des conditions de travail qui les font souffrir au quotidien”, alerte-t-il.

Selon une étude publiée fin 2011 pour le SNB/CFE-CGC, une majorité de banquiers (58,4%) dit ne pas avoir les moyens suffisants pour faire face à la charge de travail. En outre, 57,6% avouent devoir faire des choses qu’ils désapprouvent et 61,9% disent connaître des tensions avec les clients.

“Il y a une terrible pression à la vente, très pernicieuse, sur les commerciaux, qui doivent faire sortir les clients avec plusieurs produits dont ils n’ont pas besoin”, témoigne Patrick Saurin, délégué syndical SUD Banque Populaire-Caisse d’épargne.

“Tous les facteurs d’un malaise sont là”, s’inquiète Luc Mathieu, secrétaire général CFDT Banques. “Les banques sont devenues les boucs émissaires de la crise. Le secteur, décrié, vit une perte de sens généralisée”.