Le Sud-ouest du pays vit, entre octobre et décembre, sa haute saison. Non pas touristique celle-là mais agricole avec la principale période de cueillette des dattes, activités dont dépend la vie des milliers de personnes et qui fait la singularité des régions de Nefzaoua (gouvernorat de Kébili) et du Jérid (gouvernorat de Tozeur). Les dattes, et particulièrement les dattes Deglet Nour sont ces jours-ci à l’honneur dans ces contrées.
Mais comment s’articule l’agriculture des dattes, qu’elle sa réelle portée économique et à qui profitent les prix exorbitants de ces fruits (environ 6 DT le kilo de dattes Deglet Nour pour les consommateurs)?!
Dans toute la région du sud-ouest l’actualité est celle des dattes. Cette année, on a frôlé la catastrophe à cause de la température élevée du mois de septembre et ce qu’on a d’abord cru comme une saison exceptionnelle s’est transformée dès mi-octobre et le mûrissement des régimes des dattes en cauchemar pour les milliers des petits cultivateurs.
En effet, les fruits tant attendus ont été ravagés par la chaleur exceptionnelle de septembre et qui a duré même jusqu’à début octobre. Les dattes sont fripées et leur qualité commerciale se dégrade. Sur une moyenne de 10 régimes par palmier, seulement deux ou trois sont intacts et le reste est totalement ou partiellement touché par les effets de la longue chaleur.
Ceci se traduit immédiatement sur les prix de vente et sur le marché. Les prix sont divisés par deux et le rendement d’un hectare (entre 100 et 120 arbres Deglet Nour) qui s’élevait entre 12 et 15 mille dinars l’année dernière est à diviser presque par deux, selon les estimations des agriculteurs de la région de Douz.
Par ailleurs, l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) classe la Tunisie est au premier rang des fournisseurs de l’Europe en Deglet Nour. Selon les chiffres de l’organisation onusienne, la Tunisie possède plus de 50% de l’effectif mondial des palmiers de cultivar Deglet Nour (1,3 million de pieds, soit près de 65% de l’effectif total). Les autres 50% étant partagés entre l’Algérie (1 million), les États-Unis (250.000 palmiers) et Israël (50.000 palmiers).
Le ministère tunisien de l’Industrie indique que notre pays est le premier exportateur en valeur de dattes Deglet Nour dans le monde, et le deuxième producteur après l’Algérie en volume.
Pour expliquer l’importance numérique de ce cultivar, il faut se souvenir que ce fut le cultivar-clef choisi par les colonisateurs de l’Algérie (dès les années 1870, 1880), puis de la Tunisie (au début du XXe siècle) comme la “bonne datte”, bonne à l’export pour le marché européen, tandis que les centaines d’autres cultivars étaient relégués à la catégorie “variétés communes”.
Il faut savoir que toute l’économie de la région du sud-ouest de la Tunisie est basée sur l’agriculture des dattes et sur le tourisme saharien. Le tourisme est en berne, depuis la révolution, et continue de l’être, et voici que les dattes suivent. Les agriculteurs, qui ont généralement de petites parcelles des superficies comprises entre 0,5 à 2 ha, vivent toute l’année sur les rentrées de dattes. Les commerçants aussi font partie du circuit et acceptent de vendre à crédit aux gens lesquels leur avancent même de l’argent s’il le faut, l’ardoise sera réglée après la cueillette en automne.
La production nationale annuelle des dattes avoisine 130 mille tonnes, tous genres de dattes confondus, dont environ 63% de la variété Deglet Nour –avec des exportations qui s’élèvent à 63.000 tonnes (chiffres de 2007 selon le Groupement interprofessionnel des Dattes). Ce qui procure environ 100 MDT et représente jusqu’à 16% des exportations. 90% de la production nationale de dattes proviennent de terroir protégé dans le sud-ouest.
Le Jérid, gouvernorat de Tozeur, produit 30% des dattes tunisiennes à majorité dite demi-molles, et la Nefzaoua, gouvernorat de Kébili, fournit 55% à fort pourcentage de dattes molles.
Les dattes Deglet Nour de qualité supérieure sont vendues maintenant à 3,500 DT le kilo dans la région de Kébili. Le prix paraît élevé mais c’est surtout à cause de la rareté de bon produit pour cette saison –sachant que ce prix est celui de la vente dans le commerce, chez l’agriculteur les prix ne dépassent pas, pour les bonnes saisons, le 2 DT pour un kilo.
Généralement se sont des commerçants locaux en majorité et spécialisés qui achètent la production de l’agriculteur en totalité sur les arbres (Takhdhir, comme on dit au nord, et Khrassa dans le sud). Le commerçant se charge de tous les travaux de préparation, de la coupe et du transport des régimes jusqu’au dépôt, et ensuite le triage afin de sélectionner les dattes selon leur qualité.
Il y a ensuite divers modes d’emballage et de vente pour les usines de conditionnement. La plupart de ses usines étaient situées surtout dans le nord (Cap Bon, mais ces dernières années beaucoup d’unités ont été créées dans le sud-ouest. D’après le ministère de l’Industrie, il y a 45 unités de conditionnement de dattes dont 70% totalement exportatrices, et 50% de ces unités se trouvent dans le sud-ouest. Ainsi, le prix de vente au public grimpe pour avoisiner les 6 DT/kg surtout au mois de Ramadan en prenant en compte ce que ponctionnent toutes les opérations énumérées plus haut.