énérale de Florange en date du 30 novembre 2012 (Photo : Jean-Christophe Verhaegen) |
[04/12/2012 19:39:32] FLORANGE (France) (AFP) Les syndicats du site sidérurgique de Florange se préparent à une rencontre tendue avec le Premier ministre Jean-Marc Ayrault, mercredi à Matignon, après la publication dans la presse d’extraits de l’accord avec ArcelorMittal qui confirment leurs craintes initiales.
Le contenu de l’accord conclu avec le gouvernement, tel qu’il a été dévoilé mardi par Le Monde, a confirmé leur scepticisme sur les investissements prévus par ArcelorMittal. Sur les 180 millions d’euros promis pour le site lorrain, moins d’un tiers concernerait des investissements stratégiques.
Le reste se décompose notamment entre “le flux d’investissements courants” et “la maintenance exceptionnelle”.
Le document consulté par le quotidien confirme également “la mise sous cocon” des installations de la phase à chaud (production d’acier brut, qui comprend les hauts-fourneaux), qui seront arrêtées “en toute sécurité à l’issue de la procédure légale”.
Cet arrêt programmé des installations est combattu par les syndicats qui estiment, qu’il rendra impossible de remettre sur la table l’option d’un repreneur pour Florange.
Enfin, l’accord confirme que des activités de “packaging” (acier destiné à l’emballage alimentaire) seront transférées du site de Basse-Indre (Loire-Atlantique) vers celui de Florange. Le Premier ministre avait lui-même confirmé cette information, tout en démentant tout accord secret avec ArcelorMittal privilégiant le site de Basse-Indre.
Les syndicalistes de Florange, interrogés par l’AFP, n’ont pas semblé surpris par ces nouvelles informations.
“Nous depuis le début on sait que c’est un marché de dupes, nos inquiétudes sont confirmées”, a expliqué Jean Mangin (CGT). “C’est ce qu’on avait déduit” vendredi, a également déclaré Walter Broccoli (FO), estimant que Mittal “continue à détruire l’outil de travail”.
“Le gouvernement a fait une grosse erreur”, et la rencontre de mercredi avec M. Ayrault, “c’est l’occasion de le lui dire”, a poursuivi M. Broccoli.
à Florange, le 30 novembre 2012 (Photo : Jean-Christophe Verhaegen) |
Edouard Martin, délégue CFDT, a quant à lui estimé sur France Info que l’accord était “d’un amateurisme à rougir”.
Quant aux salariés du site de Basse-Indre, dans la région de Nantes, ils ont fait part de leur inquiétude pour leur avenir après la confirmation d’un transfert d’activité vers Florange, même si ce dernier est prévu sans suppressions d’emplois.
Sur la question des investissements promis par ArcelorMittal, le chef de file des députés PS Bruno Le Roux a annoncé qu’un “comité de suivi” verrait le jour au sein de l’Assemblée nationale.
Ce comité sera “ouvert à tous les groupes politiques” et devra “vérifier que les engagements qui ont été pris soient tenus”, a-t-il précisé, à l’issue d’une réunion de son groupe à laquelle assistait le Premier ministre.
Depuis vendredi, syndicats et responsables politiques – y compris au sein du gouvernement – ne cachent pas leurs doutes face à l’accord annoncé par Matignon, qui avait mis l’accent sur le fait qu’il n’y aurait pas de plan social à Florange.
La ministre de la Culture Aurélie Filippetti, élue de Moselle, a ainsi estimé mardi qu’il n’y avait “pas de confiance” dans la parole de l’industriel Lakshmi Mittal, ajoutant qu’il faudrait en revenir à une solution de reprise si “les engagements n’étaient pas tenus”.
Le Front de gauche (FG) a dénoncé mardi “un marché de dupes avec Mittal”, qu’il a qualifié de “diable de l’acier” et a réaffirmé “la nécessité d’une nationalisation” du site.
Ce scénario avait été envisagé par le gouvernement, et défendu par Arnaud Montebourg, dans la perspective de la recherche d’un repreneur, avant d’être écarté.
Plusieurs médias ont fait état du nom du repreneur qu’avait évoqué le ministre du Redressement productif avant l’annonce de l’accord avec Mittal. Il s’agirait selon eux de Bernard Serin, le président du FC Metz (National de football), et surtout président de CMI, un groupe notamment spécialisé dans la sidérurgie et basé à Seraing en Belgique.