écran) à Saint-Denis, le 4 décembre 2012 (Photo : Eric Piermont) |
[04/12/2012 18:56:53] PARIS (AFP) Les pôles de compétitivité, qui associent grands groupes, laboratoires de recherche, PME et investisseurs et bénéficient de financements publics ont été appelés mardi par le gouvernement et des analystes à se concentrer sur l’efficacité économique de leurs innovations.
“Les pôles de compétitivité doivent maintenant focaliser leur énergie sur les retombées économiques, l’industrialisation et la diffusion des innovations dans les produits et services”, ont déclaré les ministres Arnaud Montebourg et Fleur Pellerin dans un communiqué commun.
Le gouvernement réitère ainsi un des points de son Pacte pour la compétitivité et l’emploi présenté le 6 novembre, qui dit plus clairement au sujet des pôles: “leurs projets seront désormais évalués sur leurs retombées économiques et la diffusion des innovations dans les produits et services”.
Le ministre du Redressement productif et la ministre déléguée chargée des Petites et moyennes entreprises, de l’Innovation et de l’Economie numérique s’exprimaient à l’issue de la 11e journée des pôles de compétitivité organisée à Bercy et fermée à la presse.
L’Institut de l’entreprise a publié le même jour une étude critique des 71 pôles français, dont le principe est apparu en 2004. Il y préconise la concentration des pôles, réduits à 10 ou 15 développant des technologies plus proches du client, comme le marketing ou le design.
Les pôles de compétitivité représentent aujourd’hui 1,5% des brevets, 4,5% des dépenses de recherche et développement et 5% des créations d’entreprises innovantes, cite-t-il.
“Il faut recentrer les pôles, les rendre plus en phase avec une logique de marché”, a expliqué mardi à la presse l’un des auteurs de ce rapport, Romain Lucazeau, jugeant nécessaire d'”anticiper les nouveaux marchés, les nouveaux clients”.
Le Fonds unique interministériel, qui finance les projets de recherche et développement dans le cadre des pôles de compétitivité, est cependant maintenu sur 2013-2015 au même niveau annuel que sur la période 2009-2012 où il était de 600 millions d’euros au total, a précisé une source gouvernementale à l’AFP.
Fleur Pellerin a aussi appelé les pôles à “accroître leur effort d’accompagnement des PME” et à “une mobilisation des directions des achats des grands groupes”.
Un sujet sensible chez les PME innovantes dont certaines se plaignent de peiner à obtenir une première commande d’un grand groupe privé ou public, indispensable comme référence pour s’imposer. Le chiffre d’affaires d’une grande partie des PME dépend des grands donneurs d’ordre.
Les PME innovantes sont 40% à réaliser plus de 75% de leur chiffre d’affaires auprès des grands groupes privés tandis que la même proportion réalise plus de 20% de son chiffre d’affaires chez les grands donneurs d’ordre publics, selon une étude publiée mardi par le plus grand pôle de compétitivité de France, Systematic Paris Region et le Comité Richelieu, association de PME innovantes.
L’étude a été réalisée par Amnyos du 10 au 31 octobre auprès d’un échantillon de 335 entreprises.
“Je pense qu’il faut mettre un cadre normatif en place en France pour permettre entre guillemets une discrimination des achats vers les PME”, a déclaré mardi à l’AFP Jean-Noël de Galzain, vice président de Systematic et patron d’une PME. Il suggère d’arriver à une proportion de 25% des achats des grands groupes privés et publics qui seraient réalisés auprès des PME françaises.
“Dans les domaines technologiques: le numérique les écotechnologies, les sciences de la vie, si on appliquait ce ratio-là, quand on voit tout ce qu’on achète à l’étranger, cela ferait du bien à notre balance commerciale”, a-t-il lancé.
“Nos voisins créent des normes” pour sélectionner les fournisseurs, “il faut le faire: créer des normes qui mettent en évidence des caractères innovants, favorables au climat, au développement durable, à des normes sociétales” par exemple, a-t-il affirmé.