C’était pathétique ce matin à l’UTICA ! Le patronat, censé être le temple du leadership économique, attaqué dans son fief même par des contestataires de sa représentation régionale, délaissant leurs entreprises – ceci dans le cas où elles marchent encore- et venant sur place user de force pour forcer la porte où se tenait le Conseil National du patronat.
Leadership ! C’est un mot qui perd tout son sens lorsque ceux là mêmes qui devaient être les étendards des bonnes pratiques et adopter un comportement civique faisant prévaloir le dialogue pacifique et constructif aux démonstrations de force inefficientes et barbares en usent de plus en plus avec satiété.
Un sit-in à Sfax devant le siège régional de l’UTICA (Rambo I), pour contester les résultats des élections de certaines chambres syndicales de Sfax et pour terminer, une descente à Tunis pour résoudre les problèmes définitivement ! (Rambo II)
Une démonstration de force qui a exigé la présence des forces de l’ordre sur place. Fort heureusement, la réactivité des membres du Conseil sur proposition de sa présidente ont vite fait de mettre fin au grabuge…
Quatre représentants de la ligue des protestataires ont donc accédé à la salle abritant le Conseil national. Parmi leurs revendications figurait de nouveau le renouvellement des élections des chambres contestées, la levée du gel de l’adhésion de Moncef Khemakhem et la constitution d’un comité de sages pour l’organisation du congrès régional de l’UTICA Sfax.
Les décisions prises par le Conseil pour résoudre définitivement les litiges inter-sfaxiens qui mettent en péril l’avenir même de la représentation patronale à Sfax ainsi que la capacité du gouvernorat à se réinvestir dans sa relance économique , ont été les suivantes :
Constitution d’un comité de sages regroupant deux représentants de Tunis, en l’occurrence, Slaheddine Ferchiou et Béchir Jnane et 3 de Sfax. Le comité sera présidé par l’avocat sfaxien Mohamed Moncef Sellami auquel reviendrait la tâche de désigner deux autres personnalités neutres ou représentant les artisans du litige.
Concernant la levée du gel de Moncef Khemakhem, il s’avère que les contestataires étaient mal informés puisque l’UTICA avait déclaré juste après la « révolution » que tous les membres dont les adhésions étaient gelées pouvaient de nouveau exercer leurs prérogatives. Sauf que le problème avec Moncef Khemakhem est qu’à chaque fois qu’il voulait organiser des assemblées, il n’atteignait pas le quorum…
Quant aux chambres élues et contestées, il s’est avéré suite à une enquête effectuée par le comité de recourt de l’UTICA, instance neutre, qu’aucune preuve de dépassement n’a été avancée ou établie, d’où le maintien des élus à leurs places.
Il n’empêche et dans le souci de pousser loin son impartialité, le Conseil a chargé le comité des sages de procéder à de nouvelles vérifications sur place, à Sfax pour mettre fin à toute velléité de remise en cause de part ou d’autre.
Ce qui est triste dans tout cela, est que le patronat qui souffre de difficultés immenses à l’échelle nationale en premier lieu à cause de l’insécurité, du manque de visibilité et des troubles sociaux et à l’international à cause de la crise économique soit obligé de consacrer autant de temps à la résolution des litiges.
Litiges qui ont pris de l’ampleur nourris par la vindicte de certains qui n’ont pas pu se tailler leurs places au soleil après le départ de Hédi Djilani et d’autres avides de pouvoir qui n’ont pas pu s’imposer aux premiers rangs des instances économiques qu’il s’agisse des chambres de commerce ou encore des chambres syndicales.
Que pouvons-nous attendre de certaines personnes dont la soif du pouvoir a atteint des cimes frôlant l’autodestruction. Puisqu’ils ne s’investissent même pas dans la sauvegarde de leurs entreprises et leur développement ?
Qu’ils voient plus grands, qu’ils considèrent l’intérêt de leurs propres régions et du pays ?
Si la Tunisie a failli, c’est dans son incapacité à accoucher de leaderships économique et politique qui s’écrasent devant sa grandeur !