est de la France, le 30 novembre 2012 (Photo : Jean-Christophe Verhaegen) |
[06/12/2012 13:41:45] PARIS (AFP) Le feuilleton Florange a rebondi jeudi avec l’annonce du retrait par ArcelorMittal du projet européen Ulcos pour le captage et le stockage du CO2, sur lequel le gouvernement fonde ses espoirs de salut du site sidérurgique de Moselle.
Jeudi, la Commission européenne a annoncé qu’ArcelorMittal avait retiré une première version d’Ulcos d’un appel d’offres pour obtenir des financements communautaires.
Le groupe “a parlé de problèmes techniques, j’espère qu’on pourra les résoudre dans les semaines qui viennent”, a déclaré le commissaire européen à l’Industrie, Antonio Tajani.
Prototype de haut fourneau innovant, Ulcos est censé faire de Florange une vitrine de nouvelles technologies de production de l’acier beaucoup moins polluantes.
Ce projet à la date de réalisation incertaine est aussi l’une des clé d’un maintien d’activité pour la “filière chaude”, la production d’acier brut, sur le site mosellan. L’annonce de difficultés techniques était donc potentiellement explosive.
Matignon et l’industriel ont immédiatement tenté de déminer le terrain, affirmant qu’il ne s’agit que d’un contretemps, expliquant qu’Ulcos n’était pas mûr pour demander un financement.
Ils ajoutent que cela était prévu dans leur accord passé la semaine dernière sur l’avenir de Florange, transaction vivement critiquée par les syndicalistes.
Le compromis prévoit que les installations de la filière liquide, ou chaude, dont les hauts fourneaux nécessaires à la réalisation d’Ulcos, ne soient pas démontés pendant pendant six ans et mis “sous cocon”.
Cet accord, dévoilé par Les Echos en intégralité, prévoit en outre que les sites de Fos-sur-Mer et Dunkerque soient préservés pendant cinq ans.
Le retrait de l’appel d’offres “ne signifie en aucun cas l’abandon du projet Ulcos”, a estimé ArcelorMittal, qui pourra présenter une nouvelle version du projet au plus tôt lors du prochain appel d’offres en 2013.
Le groupe a rappelé “sa volonté de poursuivre le projet de recherche”.
Matignon de son côté a souligné qu’ArcelorMittal s’était engagé auprès de lui à “investir dans (une) nouvelle phase de recherche” sur Ulcos. “L’Etat continuera à soutenir et à accompagner ce projet, grâce aux 150 millions d’euros prévus au programme des investissements d’avenir. L’objectif reste de réaliser un démonstrateur industriel”, ont précisé les services du Premier ministre.
écembre 2012 (Photo : Pierre Verdy) |
De leur côté, les syndicats, auxquels Jean-Marc Ayrault a exposé l’accord arraché avec ArcelorMittal mercredi soir étaient partagés. L’annonce de Bruxelles “ne veut pas dire que Mittal arrête Ulcos”, mais simplement que “pour l’instant le projet n’est pas techniquement prêt pour aller à l’échelle industrielle à Florange”, jugeait Xavier Le Coq, de la CFE-CGC.
“C’est un sacré coup de canif dans le contrat +inconditionnel+ passé entre le gouvernement et Mittal. C’est une douche froide pour le gouvernement”, a par contre tranché Frédéric Souillot, de la fédération métaux FO. Selon lui, rien ne garantir que le démonstrateur industriel sera bien implanté à Florange.
ArcelorMittal “a enfumé tout le monde (…) on a signé l’arrêt de mort de la filière liquide”, a déclaré de son côté Edouard Martin, leader de la CFDT. “Merci à Ayrault, c’est la signature de la trahison”, a-t-il ajouté.
Politiquement, ce nouveau flou autour du devenir de Florange intervient alors que Jean-Marc Ayrault, qui a publiquement désavoué son ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg partisan d’une nationalisation du site, s’emploie à panser les blessures au sein de son gouvernement.
Interrogé jeudi matin sur RTL, il a dit “assumer la décision qui a été prise” dans ce dossier symbolique, et assuré qu’il n’y avait “pas de problème de personnes” au sein de son équipe.
“Il y est, il y reste”, a-t-il déclaré au sujet de M. Montebourg.