En attaquant l’UGTT le jour de la commémoration du martyr de Farhat Hached et dans l’espace vital de la principale centrale syndicale du pays, les personnes qui ont agi le mardi 4 décembre 2012 n’ont rien retenu de l’histoire.
Mais quelle mouche a donc piqué les personnes qui ont osé, le mardi 4 décembre 2012, s’attaquer à un rassemblement organisé par l’UGTT (Union générale tunisienne du travail), Place Mohamed Ali? L’opération tient de la cécité politique voire sociale.
Deux éléments doivent être pris en compte dans l’analyse des faits graves qui se sont déroulés à la Place, qui fait partie intégrante du patrimoine militant de la principale organisation syndicale du pays. Et il est fort à parier que ceux qui ont décidé d’agir le jour même de la commémoration du décès du leader Farhat Hached n’ont pas mesuré les conséquences de leur acte.
Le premier élément est en rapport avec la date du 4 décembre, jour de commémoration du martyr de Farhat Hached. Les syndicalistes ne peuvent interpréter, de ce fait, cette attaque que comme un défi important.
Les régimes de Bourguiba et de Ben Ali l’ont appris à leurs dépens
Deuxième élément, l’attaque a été perpétrée à la place Mohamed Ali. On comprend là aussi le défi. La bataille a été menée pratiquement dans les locaux de la centrale.
Ceux qui ont choisi d’agir ce jour-là ont manqué d’intelligence, ihnorant une chose essentielle: jamais une partie n’est sortie vainqueur d’un conflit avec l’UGTT.
Les régimes de Bourguiba et de Ben Ali l’ont appris à leurs dépens. On ne le dira jamais assez: les principaux opposants à ces deux régimes, y compris les islamistes, ont trouvé dans l’UGTT le principal refuge de la contestation. Quelle que soit la couleur politique de l’opposant, ce dernier a toujours trouvé un «gîte» à l’UGTT, fer de lance et héraut en matière de la défense des libertés.
Ouverte à tous, l’UGTT a toujours été –il faut le rappeler- à l’origine des principaux événements qui ont fait tomber les deux régimes (bourguibien et benaliste): 26 janvier 1978, 4 janvier 1984, refus de l’UGTT de mettre les pieds à la Chambre des Conseillers –en 2006-, grève générale du 12 janvier 2011 à Sfax… La Place Mohamed Ali a été, de ce point de vue, le réceptacle des doléances des principaux acteurs venus exposer leur quête d’un lendemain meilleur.
En plus de sa force de mobilisation, l’UGTT a toujours bénéficié d’une élite nationaliste qui a influencé son action –pendant la période coloniale et après l’indépendance- et qui a orienté les grands choix du pays: Farhat Hached, mais aussi Ahmed Tlili, Habib Achour, Ahmed Ben Salah…
Quoi qu’il en soit et quelle qu’en soit l’évolution des événements, il est plus que certain que ceux qui ont perpétré l’attaque du mardi 4 décembre 2012 n’ont pas –et le moins qu’on puisse dire- le sens de l’histoire.