Etats-Unis : les retraités dans la ligne de mire des discussions sur les déficits

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éunion entre président Barack Obama (2e g) et des gouverneurs pour évoquer les réductions de déficits, le 4 décembre 2012 à la Maison Blanche (Photo : Brendan Smialowski)

[06/12/2012 11:00:30] WASHINGTON (AFP) Les retraités américains suivent de près les négociations sur la réduction des déficits entre Barack Obama et les républicains au Congrès, car l’Etat-providence dont ils dépendent pourrait bien être amaigri à l’approche du “mur budgétaire”.

Le lobby des personnes âgées, la puissante association AARP, a mis en garde mercredi contre tout compromis politique qui augmenterait l’âge de la retraite ou réduirait les pensions.

“Les Américains ont parlé, ils ne veulent pas que le Congrès ou le président changent le système de retraite ou d’assurance-maladie dans un accord budgétaire de dernière minute”, a lancé le président d’AARP, Rob Romasco, dans un communiqué.

C’est pourtant ce qui se trame à Washington.

Il reste quatre semaines avant le déclenchement du “mur budgétaire” qui, faute d’accord avec le Congrès sur un plan de réduction de la dette publique, déclencherait une combinaison de hausses d’impôts et de coupes budgétaires que les deux camps veulent remplacer par un accord plus équilibré –et incluant peut-être les programmes sociaux pour les retraités.

Au royaume de l’économie de marché, plus de 39 millions de personnes touchent actuellement une pension du système de retraite par répartition, nommé Sécurité sociale. Et 51 millions se soignent via l’assurance-maladie administrée par l’Etat fédéral, “Medicare”, réservée aux plus de 65 ans.

Aux Etats-Unis, les pensions de retraite sont inférieures à celles dans le reste des pays riches: environ 50% du salaire net de référence, contre 64% en moyenne dans l’OCDE. La plupart des retraités complètent donc avec un plan privé par capitalisation.

Le taux plein est obtenu à 67 ans (65 en France), mais le départ à la retraite est possible à 62 ans (comme en France), moyennant une décote de 30%.

Ces critères pourraient être remis en cause, car depuis 2010 le système de retraite accuse un déficit. De 4% en 2011 (45 milliards de dollars), il atteindra 20% en 2030. En 2034, faute de réforme, le fonds de réserve des retraites sera épuisé, selon des projections du Bureau du budget du Congrès (CBO).

Les républicains ont proposé cette semaine de changer le calcul des pensions pour en ralentir la croissance.

Certains élus ont aussi proposé de repousser au-delà de 67 ans l’âge de la retraite à taux plein.

Pour les personnes âgées, l’autre bras de la protection sociale américaine concerne la santé.

Depuis 1965, les plus de 65 ans ont droit à “Medicare”, financé majoritairement par les contribuables et en déficit depuis 2008, sous la pression des retraités du “baby boom”.

Les républicains du Congrès suggèrent de repousser de 65 à 67 ans l’âge d’accès à “Medicare”. Avant 67 ans, les personnes âgées devraient donc continuer à s’assurer dans le privé, via leur employeur s’ils en ont un.

“Les Américains vivent et restent productifs plus longtemps. C’est un formidable hommage à notre système de santé. Mais cela crée des défis évidents auxquels il faut nous préparer. Nous ne pouvons pas laisser les gens vieillir dans un système qui ne sera plus capable de se financer”, a déclaré le chef des républicains au Sénat, Mitch McConnell.

Barack Obama a lui aussi proposé des réductions sur la santé, mais plus modestes. Et la gauche de son parti démocrate est réticente à réformer un programme aussi populaire.