L’économie tunisienne peut mieux faire, si le pays promeut et dynamise son secteur privé

Par : TAP

Des pistes pour rétablir la croissance inclusive en Tunisie et dans les pays de l’Afrique du Nord (Expert)

John Page, consultant auprès de la Banque africaine de développement (BAD) et ancien expert de la Banque mondiale, a déclaré que l’économie tunisienne pourrait mieux faire, si le pays réussissait à promouvoir un secteur privé plus dynamique et plus compétitif.

Dans un entretien accordé à la TAP à l’issue d’une rencontre, organisée récemment, par la BAD pour présenter sa publication “emploi, justice et printemps arabe, rétablir une croissance inclusive en Afrique”, l’expert a évoqué un “écart” en Tunisie, entre les entreprises off-shore et l’économie locale alors que des pistes existent pour identifier des projets dans des activités à haute valeur ajoutée et pour attirer les nouvelles générations d’investisseurs.

Les structures d’appui telles que la FIPA (Agence de promotion des investissements extérieurs) doivent jouer un rôle crucial dans ce cadre, a-t-il dit, et ce, en allant vers le secteur privé et les entreprises off-shore pour savoir quelles sont leurs ambitions et leurs attentes et leur proposer des alternatives. “Ceci pourrait se faire également à travers des consultations”, a ajouté M. Page

L’expert a plaidé, par ailleurs, pour une réforme des dépenses publiques et pour l’adoption de nouvelles approches en matière d’emploi et de compétences en Tunisie comme dans tous les pays nord-africains pour gérer les défis sociaux et économiques, notamment, celui du chômage.

En réponse à la question “comment convaincre les investisseurs locaux et étrangers à investir dans les régions intérieures ?, l’expert a recommandé un surcroît d’efforts pour “stimuler un effet de contagion”.

C’est-à-dire créer des projets qui peuvent être copiés dans les diverses régions tels que les centres d’appel et les services de vente à distance pour sédentariser les jeunes diplômés Tunisiens et exploiter leur maîtrise des langues (français, anglais..).

“Les investisseurs pourraient également aller vers ces régions si l’Etat leur garantit des avantages et des mesures incitatives spécifiques”, a fait valoir le consultant du département chargé des opérations en Afrique du Nord (ORNA) à la BAD, recommandant aussi l’amélioration des services publics et des infrastructures dans les régions.

Auteur du rapport de l’institution africaine sur les pays du printemps arabe, M. Page revient sur les causes et conséquences des transitions économiques, notamment, tunisienne et égyptienne et propose des alternatives à court terme pour faire face au problème du chômage et réduire le déficit macroéconomique dans les deux pays.

Entre autres pistes, il suggère de cibler les jeunes travailleurs dans les secteurs clés tels que le tourisme et la construction au moyen de programmes “argent contre travail” qui offrent des opportunités de revenus temporaires.

M. Page, également membre du think tank “Brookings” (USA), insiste sur la nécessité d’accorder aux collectivités régionales et locales “une plus grande autonomie dans la gestion des recettes et dépenses”.

“Cette décentralisation des services est une façon d’accroître la responsabilité des prestataires de services publics… Elle donne la possibilité aux populations de leurs demander des comptes”, explique-t-il.

Il suggère, dans le cadre du rapport 2012 de la BAD, la modification de la composition des dépenses publiques en remplaçant les subventions actuelles “non ciblées” par des “subventions intelligentes”.

Il s’agit de mettre en place des mesures visant à réduire les dépenses publiques de consommation, d’élargir les programmes afin qu’ils soient favorables aux plus pauvres et d’augmenter les investissements dans les infrastructures.

WMC/TAP