Les échanges commerciaux interarabes restent en deçà des attentes, malgré les efforts déployés par les pays de la région en matière de libéralisation du commerce et d’intégration régionale. Ce constat a été repris par plusieurs experts arabes du domaine, dans le cadre d’une réunion sur «Les accords du commerce préférentiel et la complémentarité régionale» organisée par la Commission économique et sociale pour l’Asie occidentale (CESAO) des Nations unies.
Ainsi, pour Abdallah Al Dardari, directeur du développement économique et de la globalisation à la CESAO, ce résultat est dû, pour l’essentiel, au nombre élevé des mesures non tarifaires et au coût élevé du commerce interarabe (transport et logistique). Il a précisé que le coût lié à la logistique entre les pays arabes est considéré parmi les plus élevés au monde, soulignant que le coût de transit des biens entre deux pays arabes est 10 fois supérieur à celui pratiqué entre deux pays asiatiques, à titre d’exemple.
Autres difficultés évoquées par le responsable, l’absence d’une harmonisation entre les politiques financières et de change des pays arabes, outre la faible complémentarité des biens échangés dans la région et le manque de diversification des structures d’exportation de ces pays.
Toutefois, l’ensemble de ces entraves offrent aux pays arabes, une marge de manœuvre pour diversifier leurs structures de production et stimuler les échanges commerciaux dans la région à travers une meilleure concrétisation des accords de libre-échange, qu’ils soient bilatéraux ou multilatéraux, conclus entre les pays de la région, a-t-il estimé.
Au sujet de l’intégration régionale, l’expert a relevé que les échanges commerciaux entre les pays arabes et les autres régions, notamment, l’Union européenne (UE), n’ont pas atteint, également, les résultats espérés, en dépit des conventions de libre-échange conclues entre les deux parties.
Revenant aux causes de ce recul, l’expert a souligné que la non intégration des produits agricoles à la liste des produits de libre-échange et la non conformité des certificats d’origine, établis par les pays arabes, aux standards européens, constituent les principales entraves au développement du commerce entre les pays arabes et l’UE.
Dans son intervention, Pierre Jacquet, président du réseau mondial pour le développement, a souligné que les révolutions arabes affecteraient la politique d’intégration commerciale dans la région, préconisant d’accorder la priorité, sur le court terme, à l’instauration de la stabilité politique dans ces pays et la réalisation des aspirations des peuples arabes (emploi, liberté …).
Pour sa part, Ridha Saïdi, ministre auprès de la présidence du gouvernement, chargé des Dossiers économiques et sociaux, a indiqué que la Tunisie, qui a opté pour l’ouverture de son économie à l’international, a conclu bon nombre d’accords de commerce préférentiel avec plus de 50 pays. L’ensemble de ces accords, a-t-il ajouté, a permis de développer de plus de 300% les échanges commerciaux de la Tunisie au cours de la dernière décennie (2000-2011) pour atteindre, en 2011, plus de 25 milliards de dinars, au niveau des exportations, (7.021 MDT en 2000) et 33,7 milliards de dinars en termes d’importation (10.176 MDT en 2000).
Le taux de couverture des importations par les exportations est ainsi passé de 69% en 2000 à 74% en 2011.
Au plan arabe, le ministre a indiqué que l’instauration de la zone de libre-échange arabe ne manquera pas d’attirer davantage d’investisseurs étrangers, d’améliorer la compétitivité des produits nationaux, de conquérir de nouveaux marchés et de diversifier les sources d’approvisionnement.
La réunion d’experts qui se poursuivra jusqu’à demain jeudi 6 décembre 2012 débattra également de questions liées aux entraves techniques et douanières au commerce, la complémentarité régionale et l’impact des réformes commerciales.