à Paris (Photo : Thomas Samson) |
[06/12/2012 17:09:05] PARIS (AFP) La jeune agence de presse Sipa News, lancée il y a moins de deux mois, a été mise en liquidation judiciaire jeudi par le tribunal de commerce de Paris après avoir été lâchée financièrement par sa maison mère, l’agence allemande Dapd.
Avec sa cinquantaine de journalistes, Sipa News avait pour ambition de devenir la deuxième agence de France à côté de l’AFP, en proposant un service d’information à bas coût. Mais elle n’a pas eu le temps de s’installer dans le paysage médiatique français et de reprendre une place restée vacante depuis la disparition en 1990 de l’Agence centrale de Presse (ACP).
Les juges ont en revanche ouvert la porte à une reprise de l’agence photographique Sipa Press, placée en redressement judiciaire en vue de trouver un repreneur.
L’autre filiale du groupe Sipa concernée par la procédure, FLS Ltd (ex-AP France), a été mise en liquidation.
Jeudi matin au siège parisien de Sipa, à deux pas du Parc des Princes, les équipes attendaient sans illusion les décisions du tribunal qui sont tombées en début d’après-midi. Une délégation de salariés a ensuite été reçue par le conseiller de François Hollande chargé des médias et de la culture, David Kessler.
“On peut imaginer que le repreneur de l’agence photo, Sipa Press, puisse être intéressé par une relance de l’agence texte, qui serait alors facile à réaliser”, a voulu croire un des dirigeants de Sipa News.
à Paris le 25 novembre 2012 (Photo : Thomas Samson) |
La jeune agence avait offert pour trois mois d’essai son fil d’information à une trentaine de médias et “cinq ou six étaient prêts à s’abonner”, a assuré ce dirigeant, soulignant que trois millions d’euros suffiraient à relancer la machine.
Depuis que les actionnaires allemands “sont aux abonnés absents” et ont coupé les vivres à Sipa, les salariés n’ont pu toucher qu’un tiers de leur paie en novembre, a rappelé le secrétaire du comité d’entreprise, Eric Jeanmonod.
Appel au gouvernement
A l’instar des salariés, il s’est dit “écoeuré” par l’attitude des actionnaires allemands qui “juraient encore en septembre la main sur le coeur, devant le comité d’entreprise, qu’ils croyaient en Sipa et promettaient une grande fête à Noël”.
Les salariés des trois entités concernées, qui regrouperaient quelque 120 personnes, avaient multiplié ces derniers jours les initiatives pour sauver leur agence, appelant des députés socialistes à écrire au gouvernement en leur faveur, ou s’adressant à la direction de l’agence américaine Associated Press (AP), dont la branche française avait été reprise par Sipa.
Dans une lettre remise à la ministre de la Culture et de la Communication Aurélie Filippetti, 80 députés socialistes et écologistes avaient défendu Sipa News, dont ils estimaient le projet “viable”, demandant que “l’Etat accompagne cette agence par de la commande publique”.
Les salariés de FLS Ltd avaient aussi interpellé leur ancienne maison mère, l’agence américaine AP: “Nous demandons une fois de plus à Associated Press de s’engager financièrement pour soutenir Sipa et la nouvelle agence Sipa News, et d’adresser un signal clair en ce sens au tribunal de commerce et à la direction avant le 6 décembre 2012.”
Le groupe Dapd, qui avait pris le contrôle de Sipa en 2011, est né en 2010 de la réunion de l’ancienne agence ouest-allemande DDP, qui avait racheté l’agence d’Etat est-allemande ADN, et du service allemand de l’agence américaine AP.
Depuis, sept des huit filiales, dont l’agence de presse Dapd, sont en redressement judiciaire et la huitième (ex-AP Allemagne) devrait suivre à la fin décembre.