à Tokyo (Photo : Kazuhiro Nogi) |
[07/12/2012 13:07:26] GENEVE (AFP) Les salaires ont baissé dans les pays développés l’an dernier, année de crise économique, alors qu’ils ont continué à grimper fortement dans les pays émergents, selon l’Organisation internationale du travail, qui dénonce le fait que le travail soit de moins en moins rémunérateur.
Les salaires ont baissé de 0,5% en 2011 dans les pays développés, alors qu’ils ont augmenté dans les pays émergents, tels qu’en Asie (+5%), selon le rapport 2012/2013 de l’évolution des salaires dans le monde publié vendredi par l’OIT.
Globalement, tous pays confondus, les salaires ont augmenté de 1,2% en 2011, à comparer avec +2,2% en 2010 et +3% en 2007.
Parallèlement à cette croissance ralentie, l’OIT dénonce aussi le fait que “les salariés reçoivent une plus petite part du gâteau”, en stigmatisant le fait que la part des salaires dans la richesse nationale ne cesse de diminuer, partout dans le monde.
“Pour le dire simplement, davantage du gâteau national est allé aux profits et moins aux salariés”, ajoutent les auteurs de ce rapport, publié tous les deux ans.
Même en Chine, où les salaires ont été multipliés par trois en dix ans, la part du PIB qui revient aux salariés a baissé.
Dans les pays développés, la part des salaires dans le revenu national est tombée de 75% dans les années 70 à 65% ces dernières années.
Dans un groupe de 16 pays émergents et en développement, cette part a aussi diminué, passant de 62% du PIB au début des années 1990 à 58% dans les dernières années.
En conséquence, l’OIT relève que le risque de troubles sociaux augmente, du fait du mécontentement populaire.
Pour l’OIT, il est essentiel que les salaires augmentent sur le même rythme que la productivité. “C’est une question d’équité et de croissance économique durable”.
Or, les derniers chiffres montrent que la productivité a augmenté beaucoup plus vite que les salaires dans le monde.
industrie, par pays en 2010 |
Dans les pays développés, la productivité du travail a augmenté deux fois plus vite que les salaires depuis 1999. Exception notable, la Grèce, où les salaires augmentaient plus vite que la productivité avant la crise. Depuis, la crise de 2009, les salaires ont chuté de 15% durant les années 2010 et en 2011, dans ce pays.
Aux Etats-Unis, la productivité horaire du travail a augmenté de 85% depuis 1980, alors que les salaires n’ont augmenté que de 35%.
En Allemagne, la productivité a augmenté de 25% environ depuis 20 ans, alors que les salaires sont restés stables.
“Sur le plan social et politique, on ne peut qu’en déduire que les salariés et leurs familles ne reçoivent pas la juste part qu’ils méritent”, a déclaré Guy Ryder.
Enfin, l’OIT lance un appel dans ce rapport à la fixation de salaires minima, une mesure indispensable pour enrayer la pauvreté au travail.
“Les salaires minimaux contribuent à protéger les salariés faiblement rémunérés et à prévenir une chute de leur pouvoir d’achat”, a déclaré Guy Ryder.
Selon ce rapport, “des centaines de millions de salariés dans les pays en développement gagnent moins de 2 dollars par jour.
Aux Etats-Unis, les travailleurs pauvres représentent 7% de la population salariée, et en Europe, 8%.
Le rapport rappelle encore les différences “considérables” de niveaux de salaire d’un pays à l’autre. Aux Philippines, un ouvrier touche 1,40 dollar de l’heure, contre environ 5,50 dollars au Brésil, 13 dollars en Grèce, 23,30 dollars aux Etats-Unis et presque 35 dollars au Danemark.
En Grèce, le salaire minimum a été amputé de 22%, à la demande des créanciers publics pour débloquer les fonds de sauvetage.