à Athènes (Photo : Angelos Tzortzinis) |
[07/12/2012 16:04:54] ATHENES (AFP) La Grèce devait conclure vendredi soir la première phase de la délicate opération de rachat de sa dette lancée lundi, qui a de bonnes chances d’aboutir selon des analystes, et dont le succès est la condition de la reprise des versements du FMI au pays surendetté.
L’offre faite par l’Etat grec pour racheter ses propres obligations avec l’aide de ses partenaires “doit se terminer à 17H00 GMT”, comme prévu par l’Agence de la gestion de la dette (PDMA), a indiqué le ministère grec des Finances.
Les premiers résultats de l’opération, qu’il n’a pas été question de prolonger, devraient être connus à partir de samedi, selon la même source. L’Agence de la dette pour sa part a exclu toute annonce sur le montant des offres dès vendredi soir.
L’opération, décidée lors de la dernière réunion des ministres des Finances de la zone euro fin novembre, est censée réduire la dette grecque de quelque 20 milliards d’euros, la moitié du montant requis pour parvenir à la ramener au taux jugé acceptable de 124% du PIB, en 2020.
Aux termes de l’offre lancée lundi, les créanciers privés (banques, hedge funds) détenteurs de titres se sont vus proposer jusqu’à 10 milliards d’euros de titres du Fonds européen de secours (FESF), en échange des obligations souveraines grecques qu’ils détiennent.
Les banques grecques, qui détiennent encore quelque 15 milliards d’euros d’obligations après l’effacement de dette auquel elles ont consenti l’hiver dernier, ont réuni leurs conseils d’administration vendredi pour décider du montant de leur participation dans cette nouvelle opération.
La Banque Nationale de Grèce, premier établissement du pays, a confirmé en fin après-midi sa participation à l’opération. “Le conseil d’admnistration de la BNG a décidé à l’unanimité de participer à la procédure d’achat de la dette” a indiqué la banque dans un communiqué.
A priori, les autres banques grecques, en voie de recapitalisation grâce à des fonds européens, s’engageront toutes dans l’opération.
Selon plusieurs analystes, l’ampleur de leur participation dépend surtout de celle des fonds spéculatifs, qui détiennent aussi entre 15 et 25 milliards d’euros de titres grecs. Beaucoup de ces titres ayant été rachetés à prix cassés ces derniers mois, les fonds ne devraient pas bouder l’opération, grâce à laquelle ils devraient être en mesure de faire un substantiel bénéfice.
Renvoyant à une analyse de la banque américaine Citi, le quotidien financier Naftémporiki anticipait vendredi que l’opération “réussirait” tandis que le quotidien centriste Kathimerini, plus prudent, évoquait le “jeu” entre les fonds et les banques, qui attendent que les premiers abattent leurs cartes.
Selon les termes de l’offre, les participants devront accepter une décote conséquente, puisque l’Etat grec a fixé une fourchette de rachat allant d’un plancher de 30,2% à 38,1% (selon les échéances des titres) de la valeur des obligations rachetées, à un plafond de 32,2% à 40,1%.
L’évaluation des premiers résultats de l’offre sera faite lors de l’Eurogroupe à Bruxelles le 13 décembre en vue du déblocage d’une tranche de 44 milliards d’euros retardée depuis juin, vitale pour le pays à sec.
L’ensemble de l’opération sera bouclé le 17 décembre.
Le FMI a déjà indiqué vouloir attendre les résultats de la transaction pour débloquer sa part des prêts consentis à Athènes. Mais les Européens se sont montrés confiants sur le versement de ces fonds, laissant entendre que les Européens pourraient si nécessaire prendre les devants.
Le ministre grec des Finances Yannis Stournaras s’est montré optimiste vendredi.
“Avec le versement de la tranche, l’incertitude sur le retour à la drachme (monnaie nationale) se termine (…), je préfère regarder le verre à moitié rempli qu’à moitié vide”, a-t-il indiqué à la radio Real FM.
En attendant, pour compenser le retard pris dans le versement de l’aide européenne et du FMI, la PDMA a annoncé vendredi qu’elle émettra le 11 décembre des bons du Trésor à un et six mois en vue de lever au total 3,375 milliards d’euros.