Le Japon au bord de la récession

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à Tokyo, le 1er décembre 2012 (Photo : Toshifumi Kitamura)

[10/12/2012 08:11:54] TOKYO (AFP) L’économie japonaise est entrée techniquement en récession à cause d’exportations fragiles et d’une consommation atone, d’après des statistiques publiées lundi par le gouvernement qui aborde les élections législatives de dimanche en position de faiblesse.

Le produit intérieur brut (PIB) de la troisième puissance économique mondiale a reculé de 0,9% entre juillet et septembre, par rapport au trimestre précédent, ont indiqué des données révisées confirmant des statistiques préliminaires de la mi-novembre.

Mais les chiffres corrigés publiés lundi ont aussi fait état d’un très léger repli de 0,03% du PIB entre avril et juin, alors que ce deuxième trimestre avait été présenté jusqu’à présent comme une période de croissance.

Sur le plan technique, l’économie nippone s’est donc repliée deux trimestres de suite, un mouvement caractéristique d’une récession, bien que les autorités rechignent à employer ce terme.

Le cabinet du Premier ministre de centre-gauche, Yoshihiko Noda, a souligné que le PIB avait peu ou prou “stagné” au deuxième trimestre, appelant à se garder de toute conclusion hâtive.

Mais à quelques jours d’élections législatives anticipées, ces nouvelles données arrangent peu les affaires du Parti Démocrate du Japon (PDJ), au pouvoir depuis 2009 et en grande difficulté dans les sondages.

“C’est à l’équipe gouvernementale de dire si oui ou non nous sommes en récession”, a expliqué prudemment Tomo Kinoshita, économiste du groupe de services financiers Nomura.

“De notre côté, nous disons depuis un petit moment que le Japon est déjà entré en récession. Les chiffres d’aujourd’hui nous confortent dans cette opinion”, a-t-il toutefois ajouté.

Au troisième trimestre, le PIB a été affecté par une baisse des exportations (-5,1%) handicapées par le ralentissement de la croissance chinoise et les problèmes d’endettement européens, par un effritement de la consommation des ménages (-0,5%) et par une déflation obstinée qui décourage l’investissement productif (-3,0%).

La demande a certes été tirée par une progression de 0,8% des commandes publiques, dopées par les besoins de reconstruction du nord-est dévasté par le séisme, le tsunami et l’accident nucléaire du 11 mars 2011. Ce soutien gouvernemental n’a cependant pas été suffisant pour empêcher la contraction générale de l’activité.

Nombre d’économistes s’attendent à un nouveau repli du PIB japonais au quatrième trimestre, toujours en cours, car les facteurs qui entravent l’activité nippone depuis le printemps persistent.

En octobre, les exportations ont ainsi encore chuté de 6% d’une année sur l’autre, d’après des données distinctes publiées par le ministère des Finances. Les livraisons de machines-outils vers la Chine donnent d’inquiétants signes de faiblesse, car la croissance de l’Empire du milieu, premier client du Japon, a ralenti cette année, sans compter l’effet collatéral d’un différend territorial sino-nippon sur le commerce bilatéral.

L’excédent des comptes courants du Japon a en conséquence reculé de près de 30% en octobre sur un an. Il subit en effet aussi les répercussions de l’accident nucléaire de Fukushima de mars 2011 qui, en provoquant l’arrêt quasi total des réacteurs de l’archipel, entraîne une augmentation des achats de gaz et charbon pour faire davantage tourner les centrales thermiques.

Confrontée à cette conjoncture morose, la confiance des consommateurs s’est encore un peu repliée en novembre, à 39,4 points, soit largement sous la barre décisive des 50.

“Le moral des consommateurs pourrait remonter l’an prochain, quand un rebond des commandes chinoises aura embelli les perspectives des entreprises”, a estimé M. Kinoshita qui table sur un redémarrage de la croissance japonaise au début 2013.

Il évoque en outre les budgets supplémentaires de soutien promis avant les élections législatives de dimanche tant par le PDJ que par le principal mouvement d’opposition, le Parti Libéral-Démocrate (PLD, droite), grand favori du scrutin.