ésidente brésilienne Dilma Roussef, le 7 décembre 2012 à Brasilia (Photo : Pedro Adeira) |
[11/12/2012 06:51:59] BRASILIA (AFP) La présidente du Brésil, Dilma Rousseff, entame mardi une visite de 48 heures en France, pays qui attend depuis deux ans une décision du géant sud-américain sur le choix de l’avion de combat qui modernisera son armée de l’air, un contrat juteux où le Rafale de Dassault est en lice.
Au pouvoir depuis janvier 2011, Mme Rousseff, une sévère critique des politiques actuelles d’ajustement de l’Europe, se réunira mardi avec le président François Hollande pour discuter de la crise économique dans la zone euro et de sujets de coopération et d’intérêts mondiaux.
Les deux chefs d’Etat aborderont “divers thèmes internationaux comme la crise en Syrie et au Proche-Orient, où il y a une très bonne entente entre les deux pays” , a déclaré à l’AFP un fonctionnaire du ministère des Affaires étrangères sous couvert de l’anonymat.
Bien que le programme officiel ne mentionne pas l’appel d’offres du gouvernement brésilien pour l’achat de 36 avions multirôles destinés à moderniser la flotte de l’armée de l’air, ce sujet a été au centre des conversations bilatérales de ces dernières années.
érienne de Saint-Dizier (Photo : Francois Nascimbeni) |
La France est en lice pour ce contrat d’un montant de plus de 4 milliards d’euros. Le Rafale de l’avionneur français Dassault est en compétition avec le F/A-18 Super Hornet de l’Américain Boeing et avec le Gripen NG du suédois Saab.
Paris table sur sa promesse d’effectuer d’importants transferts de technologie au Brésil pour remporter ce marché malgré le coût élevé du Rafale.
Le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Philippe Lalliot, a souligné lundi à Paris que l’achat des avions de chasse est une “décision souveraine du Brésil”.
“La présidente Dilma Rousseff connaît la qualité de notre partenariat, en particulier en matière de transfert de technologie”, et “sait, parce que nous l’avons démontré dans l’exécution de contrats précédents, la qualité et la réalité des engagements de la France dans ce domaine”, a ajouté M. Lalliot.
Fin septembre, un haut fonctionnaire du gouvernement brésilien avait dit à l’AFP sous couvert de l’anonymat que rien ne serait décidé avant 2013, alors que la sixième économie mondiale est confrontée à une croissance en berne depuis 2011. Il avait écarté que l’idée que Brasilia ait un avion favori.
Luiz Inacio Lula da Silva, président du Brésil de 2003 à 2010, avait publiquement exprimé sa préférence pour l’appareil de combat français. Mais depuis l’accession au pouvoir Mme Rousseff, Brasilia a repoussé de mois en mois sa décision.
à Paris, le 14 juillet 2011 (Photo : Anne-Christine Poujoulat) |
Une décision repoussée de mois en mois
Les analystes estiment peu probable que le président Hollande puisse persuader mardi Mme Rousseff de faire un signe en faveur du Rafale.
“Je ne crois pas que cette visite de Mme Rousseff puisse influencer la décision brésilienne, qui dépend du transfert de technologie promis aussi bien par la France que les Etats-Unis, et des coûts d’entretien des avions à moyen et long terme”, a déclaré à l’AFP le professeur de l’Université de Brasilia Antonio Ramalho, expert en relations Brésil-Union européenne.
Les échanges commerciaux entre le Brésil et la France ont augmenté de 40% au cours des cinq dernières années et se sont élevés à 8,3 milliards de dollars au cours des dix premiers mois de cette année, selon la diplomatie brésilienne.
Outre sa rencontre avec M. Hollande, Mme Rousseff se réunira également avec les présidents du Sénat, Jean-Pierre Bel, de l’Assemblée Nationale, Claude Bartolone, et avec le maire de Paris, Bertrand Delanoë.
La présidente brésilienne participera avec son homologue français à l’ouverture d’un forum économique organisé par la Fondation Jean Jaurès et par l’Institut Lula, qui comptera parmi ses invités l’ancien président, qui fut le parrain politique de Mme Rousseff.
C’est dans le cadre de ce forum que Mme Rousseff devrait réitérer ses critiques au modèle européen d’ajustement à la crise internationale et présenter l’expérience brésilienne d’encouragements à la croissance pour combattre les difficultés économiques.