Avec sa bibliothèque numérique, Lyon s’impose comme le maillon français de la grande bibliothèque Google

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Le logo de Google (Photo : Lionel Bonaventure)

[13/12/2012 12:13:39] LYON (AFP) Quelque 200.000 documents anciens en accès gratuit en ligne, plus de 400.000 en 2015: avec sa bibliothèque numérique Numelyo, une des plus importantes d’Europe, Lyon s’impose comme le maillon français du grand projet de Google de numérisation des fonds bibliothécaires à travers le monde.

Avec Numelyo, seul projet réalisé en France dans le cadre de la quarantaine de partenariats internationaux noués par Google avec des bibliothèques, de Columbia à Harvard, la ville de Lyon ouvre une voie.

Sur http://numelyo.bm-lyon.fr, défilent des images de manuscrits mérovingiens et carolingiens, d’enluminures, des trésors de l’époque de Gutenberg jusqu’aux journaux des années 1920. Il est possible de consulter en images chacune de ces pièces du fonds ancien de la bibliothèque municipale, la deuxième de France.

“Nous sommes en train de constituer cette République des livres en mettant à disposition des documents réservés à quelques-uns”, jusque-là enfermés dans les 17 étages du silo de la bibliothèque, se félicite Georges Képénékian, adjoint au maire délégué à la Culture.

La numérisation avait débuté il y a une quinzaine d’années, afin de faciliter les consultations et aussi mieux préserver ces fonds précieux. Mais “l’opération nous aurait pris 150 ans” dans le laboratoire de la bibliothèque municipale (BML), explique son directeur, Gilles Eboli.

Pour passer à la vitesse supérieure, un appel d’offres a été lancé en 2008, auquel seul Google a répondu. Avec d’un côté, la volonté du géant de l’internet de constituer “la plus grande bibliothèque du monde”, et de l’autre, la ville de Lyon et une numérisation de son fonds estimée à 60 millions d’euros.

L’accord conclu, sans contrepartie financière, a prévu que Google soit propriétaire des fichiers numériques produits et qu’il les mette en ligne parallèlement sur son moteur Google Books, qui compte 20 millions de références, issues de 43 bibliothèques et de milliers d’éditeurs.

“Il est important de retrouver ces livres dans différents endroits” pour “libérer l’information, coeur de la mission de l’entreprise”, a expliqué jeudi à l’AFP Philippe Colombet, à la tête de Google Livres en France.

Près de 2.000 ouvrages quittent chaque semaine sous bonne protection la bibliothèque, à destination d’un lieu tenu secret dans un rayon de 50 km autour de Lyon pour la numérisation.

270.000 ouvrages passés entre les mains de Google

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Quelque 270.000 ouvrages imprimés, libres de droit, sont ainsi passés entre les mains de Google, qui doit atteindre un total d’environ 400.000 d’ici 2015. Seuls ne peuvent être numérisés les trop grands formats ou les documents ne supportant pas de manipulation supplémentaire, soit 10% des collections. Les estampes, affiches et photos restent enregistrés par la bibliothèque ou d’autres prestataires.

“On a parlé de contrat faustien avec Google, de dépossession de notre patrimoine… alors que bien au contraire, il est plus que jamais possible de le partager avec tous”, fait valoir le directeur de la BML. “Nous maintenons notre travail de bibliothécaire, en contextualisant les documents”, rappelle-t-il également.

Les collections lyonnaises ont vocation à être en outre visibles sur Gallica, la bibliothèque numérique de la Bibliothèque nationale de France, qui compte 2 millions de références, et sur Europeana, portail de diffusion de la culture européenne.

Lyon, qui accueillera en juin 2013 le congrès de l’Association des bibliothécaires de France, puis en août 2014 celui de la Fédération internationale des associations de bibliothécaires, entend tenir son rang d’ancienne capitale européenne de l’imprimerie et de l’édition.

Le ministère de la Culture reconnaît ce travail de “pionnier”, alors que “la bibliothèque du XXIe siècle doit varier dans ses contenus et ses usages”, selon Nicolas Georges, directeur adjoint chargé du Livre.

L’Etat consacre 8 millions d’euros par an aux projets numériques des bibliothèques publiques, en plus d’une enveloppe de 6 millions d’euros pour une douzaine de “bibliothèques numériques de référence”.

Des chantiers “du quotidien” ont été lancés comme à Grenoble pour que les abonnés puissent charger des livres numériques. “La numérisation du patrimoine n’est pas à la portée de toutes”, reconnaît M. Georges, et Google, qui a engrangé via Lyon quantité de contenus francophones, n’a d’ailleurs pas d’autre projet de ce type en France.

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