La chute de la confiance des firmes nippones met la pression sur la Banque du Japon

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ège de la Banque du Japon à Tokyo (Photo : Kazuhiro Nogi)

[14/12/2012 06:36:10] TOKYO (AFP) La confiance des grandes entreprises manufacturières nippones a chuté en décembre, à cause d’une conjoncture mondiale peu propice aux exportations, ce qui renforce la pression sur la Banque du Japon (BoJ) à quelques jours d’une réunion de politique monétaire.

Le moral des grandes firmes de l’industrie a perdu 9 points et s’établit dorénavant à -12 points, d’après l’indice Tankan publié par la BoJ vendredi, soit le plus bas niveau de cet indicateur trimestriel depuis près de trois ans.

Le Tankan mesure la différence entre le pourcentage de sociétés qui jugent la situation favorable et celles qui l’estiment défavorable. Le résultat de décembre signifie qu’une nette majorité des grandes firmes manufacturières juge le contexte défavorable.

Les industries de la troisième puissance économique mondiale sont confrontées depuis des mois à la dégradation de la conjoncture mondiale qui pèse sur la demande d’articles japonais.

La crise européenne d’endettement limite en particulier les achats de produits électroniques nippons, tandis qu’un relatif ralentissement de la croissance chinoise rejaillit sur les commandes de machines japonaises.

En Chine, les produits nippons ont de surcroît été boudés ces derniers mois, à cause de l’aggravation d’un conflit territorial sino-japonais.

Au final, l’état d’esprit des groupes sidérurgiques est resté particulièrement bas, et celui des fabricants d’équipements industriels a chuté.

Le moral des constructeurs d’automobiles a aussi plongé: le secteur a perdu un précieux soutien en septembre lorsqu’a pris fin un programme japonais de subventions gouvernementales à l’achat de voitures peu gourmandes en énergie.

La confiance des grands groupes non-manufacturiers reste quant à elle positive (+4), grâce à la forte activité des sociétés oeuvrant dans les secteurs des télécommunications, de l’internet et de l’immobilier. Toutefois, “l’étude montre que la reprise espérée par la BoJ pourrait être retardée”, a estimé Yoshiro Sato, de la banque Crédit Agricole.

L’économie japonaise plongée dans la déflation depuis plus de trois ans vient de rechuter en récession.

“La banque centrale américaine (Fed) a décidé d’assouplir sa politique monétaire et la BoJ va se sentir obligée de suivre le mouvement pour éviter d’encourager une appréciation du yen. Au vu du résultat du Tankan, la BoJ devrait agir de nouveau”, dès sa prochaine réunion de politique monétaire les 19 et 20 décembre, prédit M. Sato.

Ces derniers mois, l’institut d’émission a assoupli plusieurs fois sa politique monétaire, portant à 91.000 milliards de yens (825 milliards d’euros) l’enveloppe totale consacrée à son programme d’achat d’actifs financiers et d’injection dans le circuit interbancaire.

La BoJ a aussi lancé un mécanisme pour fournir des liquidités “illimitées” aux banques de dépôt, au taux d’intérêt de 0,1%, afin de les encourager à prêter aux entreprises et aux ménages.

La banque centrale, qui maintient en outre son taux directeur au jour le jour dans la fourchette de 0,0% à 0,1%, fait toutefois l’objet de fortes exigences politiques pour faire davantage afin de dynamiser la reprise.

Et ces pressions risquent de se renforcer après les élections législatives de dimanche, pour lesquelles le Parti Libéral-Démocrate (PLD, droite) part largement favori. Le président du PLD, Shinzo Abe, a promis à plusieurs reprises qu’il ferait tout pour obtenir une politique ultra-accommodante de la BoJ, pourtant statutairement indépendante.

Le mandat du gouverneur de la BoJ, Masaaki Shirakawa, s’achèvera en avril prochain. Son successeur sera désigné par le gouvernement et sa nomination devra être validée par le Parlement.

L’enquête Tankan publiée vendredi a été effectuée du 13 novembre au 13 décembre auprès de 10.654 entreprises de toutes tailles et secteurs.