é sino-coréenne qui enjambe le fleuve Yalu dans la ville frontalière chinoise de Dandong, le 13 décembre 2012 (Photo : Wang Zhao) |
[15/12/2012 16:05:53] DANDONG (Chine) (AFP) Dans la ville frontalière chinoise de Dandong, par où transite l’essentiel des échanges entre la Chine et la Corée du Nord, les commerçants s’inquiètent peu du lancement cette semaine par Pyongyang d’une fusée et d’éventuelles sanctions internationales qui pourraient en découler.
“Le business marche très bien”, lâche de façon lapidaire Sun Xiaowei, qui travaille en Corée du Nord pour une entreprise de câblage, des produits ensuite exportés vers la Chine et la Corée du Sud.
De fait, le flux des véhicules traversant la frontière, sur le pont enjambant la rivière Yalu, ne tarit pas. Il est formé notamment de camions chargés de pneus ou de sacs de marchandises en vrac.
Cela, quelques jours après le tir nord-coréen qui a permis de placer en orbite mercredi un satellite. Un acte considéré par les Etats-Unis et leurs alliés comme un nouvel essai déguisé de missile balistique à longue portée.
Comme chaque jour, les négociants et chauffeurs routiers vaquent donc à leurs occupations dans Dandong, une ville de 2,5 millions d’habitants du nord-est chinois devenue une plaque tournante pour les achats nord-coréens de carburant, nourriture et biens de consommation.
On remarque même à Dandong des indices de l’augmentation du niveau de vie de la population du Nord.
“Les Nord-Coréens veulent des pianos japonais parce qu’ils sont de bonne qualité”, explique une Chinoise de la minorité ethnique coréenne. Elle vend des instruments de marques Yamaha et Kawai, pour un montant d’environ 2.000 à 3.000 dollars pièce. Certains mois elle parvient à en écouler jusqu’à dix.
éens passent la douane chinoise à Dandong, le 14 décembre 2012 (Photo : Wang Zhao) |
La Chine partage une frontière de 1.415 kilomètres avec la Corée du Nord et le commerce s’est développé fortement ces dernières années. Cette activité intense a un temps faibli, après la mort du dirigeant Kim Jong-Il en décembre 2011, avant de reprendre.
Certains voyageurs, dans l’attente de traverser la rivière Yalu au bureau de contrôle de l’immigration de Dandong, portent d’ailleurs des couronnes de fleurs, vraisemblablement pour marquer le premier anniversaire de la mort de Kim.
La Chine a été le partenaire pour 89% des importations et exportations de la Corée du Nord, selon l’Agence de promotion du commerce et des investissements de la Corée, basée à Séoul.
Les échanges ont porté sur 5,6 milliards de dollars, en hausse de 62% sur un an, selon cette même source. Les chiffres réels du commerce sont probablement plus élevés si l’on prend en compte les échanges de troc de biens de consommation et de matières premières.
Les monnaies pour commercer varient en effet, certains utilisant le dollar américain, d’autres les échanges en nature (par exemple du charbon), d’autres la devise chinoise. Tel ce commerçant chinois qui dit qu’il vend sept ou huit voitures par mois, se faisant payer en yuans.
éennes ramassent leurs achats avant de rentrer en Corée du Nord, le 13 décembre 2012 à Dandong (Photo : Kelly Olsen) |
Les négociants rencontrés par l’AFP ne tablent sur aucune restriction du commerce sino-nord-coréen, dont une bonne partie transite par route ou par rail par Dandong.
“Cela se passe de mieux en mieux”, affirme ainsi Mme Li Hong, une Chinoise qui traite avec le Nord depuis près de 20 ans. Son entreprise fabrique des vêtements pour femmes à Pyongyang, qui sont exportés vers la Chine.
Wang Yuangang a commencé à exporter des véhicules et des pièces automobiles en Corée du Nord dans les années 1990. “A l’époque il n’y avait même pas de néons dans les rues”, dit-il. Il est du même avis: aucune raison que le commerce périclite vu les besoins des Nord-Coréens.
“Beaucoup de gens peuvent se permettre de manger dehors et le décor des restaurants récemment ouverts est assez luxueux”, dit-il.
Quant à la Chine, qui est en première ligne pour faire pression sur la Corée du Nord, elle a clairement prôné jeudi une réaction “prudente” de l’ONU après le tir nord-coréen.