Confrontée à une masse de près de 800.000 chômeurs –malheureusement appelée à croître, au moins à moyen terme-, la Tunisie est à la recherche de gisements de croissance pour leur offrir des emplois. Durant la 27ème édition des Journées de l’entreprise, un expert, un patron –parmi les plus importants du pays- et un manager en ont proposé trois.
Le premier de ces gisements ce sont les technologies de l’information et de la communication (TIC). A ce sujet, Mohamed Bouhari, maître de conférences à la Faculté des sciences économiques et de gestion de Tunis, spécialisé dans l’économie en général et dans les TIC et les réseaux en particulier, pense que «la Tunisie n’a pas réussi à devenir une référence en matière de services à haute valeur ajoutée».
Pourtant, notre pays n’est pas dénué d’atouts: un réseau de télécommunications moderne, un débit de la bande passante en croissance et une main-d’œuvre «relativement bien formée».
Mais ces atouts sont, selon Mohamed Bouhari, contrebalancés par des faiblesses constituant autant d’obstacles à l’émergence de la Tunisie comme «référence» dans les TIC. Cet économiste en relève trois -absence de stratégie numérique «prévisible», insuffisance des ressources financières et faible collaboration entre les entreprises et l’université- qu’il juge toutefois surmontables moyennant «la formalisation d’un plan stratégique favorisant l’outsourcing» et visant à faire de la Tunisie «un pays leader et une destination» dans ce domaine.
Le deuxième gisement de croissance et, partant, d’emplois, c’est l’agriculture et, plus précisément l’arboriculture. C’est Abdelwaheb Ben Ayed qui l’affirme: «On assiste à un renversement des rôles. L’Europe est en train d’abandonner la production alors qu’elle se développe au Sud de la Méditerranée, en Egypte mais aussi en Tunisie, pour être exportée» sur le marché européen. «A des prix très intéressants», assure le patron de Poulina Group Holding.
La santé –last but not least- ferme la marche des secteurs prometteurs pour la croissance de l’économie tunisienne. «Ce secteur, dans lequel nous avons une très bonne image, a un potentiel de croissance», énorme, assure Slim Chaker.
D’après l’administrateur chargé du développement au sein d’Amen Santé, la filiale spécialisée dans la gestion des cliniques, ce secteur est fort d’un bon rapport qualité/prix, du délai de réponse, «de l’accumulation de savoir et de savoir-faire sur 50 ans», d’une ouverture sur l’Afrique d’où «nous commençons à ramener des patients africains grâce à des agences de services», et «du fait que nous parlons la même langue, le français».
Toutefois, l’industrie de la santé a une importante marge de progression. Selon M. Chaker, des améliorations peuvent être apportées dans trois domaines : le transport aérien –«il n’y a pratiquement aucun vol sur l’Afrique» ce dont profitent les concurrents de la Tunisie qui «commencent à nous rafler des parts de marché»-, la connaissance du marché africain qui «a un potentiel exceptionnel», la formation de compétences paramédicales –«la mentalité n’est pas encore appropriée, puisque nous dépendons encore d’autorisations», se plaint l’ancien secrétaire d’Etat au Tourisme, et l’accréditation internationale qui permettra aux opérateurs tunisiens de «travailler sur les marchés européens et américains».
A bon entendeur salut.