Le gouvernement lance sa “MAP” pour dépenser mieux et surtout moins

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écembre 2012 à Paris (Photo : Bertrand Guay)

[18/12/2012 06:43:58] PARIS (AFP) Le gouvernement lance ce mardi la modernisation de l’action publique (“MAP”), vaste chantier dont le but affiché est d’améliorer les services publics mais qui doit surtout permettre de dégager de nouvelles économies budgétaires.

Officiellement, le comité interministériel qui se réunit pour la première fois à Matignon doit, selon une source gouvernementale, fixer une nouvelle “méthode” de réforme pour “rapprocher l’administration des citoyens et simplifier les démarches pour les entreprises et les collectivités”. Il se réunira ensuite tous les trois mois.

Après avoir enterré la révision générale des politiques publiques (RGPP) de la droite, dont la mesure phare était le non remplacement d’un fonctionnaire partant à la retraite sur deux, la gauche assure que sa MAP visera avant tout à “améliorer la qualité des services publics dans un contexte plus contraint”.

C’est la traduction du voeu présidentiel. “Nous devons être capables de faire mieux en dépensant moins”, a affirmé François Hollande mi-novembre, reprenant une antienne de son prédécesseur Nicolas Sarkozy, apôtre du “dépenser moins et mieux”.

Matignon entend insister sur le “mieux”. Pas question de donner à cette “RGPP de gauche” une coloration uniquement budgétaire.

Pour preuve, à l’issue du comité de mardi le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, ne devrait pas faire d’annonce chiffrée sur les économies mais dévoiler la liste des politiques publiques qui seront soumises aux premières évaluations.

La politique familiale mais aussi les aides directes aux entreprises, qui coûtent 80 milliards d’euros par an et sont très éclatées entre Etat, opérateurs et collectivités locales, seront au menu. Toutes les politiques seront examinées au cours du quinquennat, selon les services du chef du gouvernement. Les premiers résultats sont attendus d’ici juin, pour préparer le budget 2014.

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à Château-Renault (Photo : Philippe Wojazer)

8 à 9 milliards à trouver pour 2014

D’autres secteurs aussi sensibles que dépensiers seront concernés: la formation professionnelle (trop centrée sur les personnes qui ont déjà un emploi), ou la politique du logement, accusée par certains de favoriser l’inflation des loyers mais que la ministre, Cécile Duflot, entend bien défendre.

Quant aux retraites, “on ne peut pas imaginer de ne pas y faire d’économies quand on voit la dépense qu’elles représentent”, glisse une autre source gouvernementale.

Car l’objectif in fine est bien de faire des économies. Et Bercy, qui n’est pas le maître d’oeuvre de la MAP, pilotée par Matignon et le ministère de la Réforme de l’Etat, entend bien le rappeler.

Le président Hollande s’est engagé à réduire les dépenses de 50 milliards d’euros en cinq ans pour résorber le déficit public, et de dix milliards supplémentaires pour financer le crédit d’impôt aux entreprises pour la compétitivité et le contrat de génération. Et il faut aussi financer certaines mesures nouvelles (école, coup de pouce au RSA, budget de l’UE, etc.).

Concrètement, pour 2014, en plus des dix milliards d’économies déjà prévus, Bercy “recherche 8 à 9 milliards d’euros” supplémentaires, et encore 7 milliards pour 2015.

Au total, les dépenses publiques ne devront augmenter que de 0,5% par an en plus de l’inflation, a-t-on appris de source gouvernementale. La gauche, qui visait une progression de 1,1% avant la présidentielle, n’a cessé de durcir cet objectif.

“C’est inédit, c’est vraiment un très fort ralentissement de la progression des dépenses publiques”, souligne cette source, rappelant que l’augmentation moyenne avait été de 2% par an depuis dix ans.

Si certains chantiers demandent du temps, il faut donc “aussi trouver des économies rapides et décider assez vite”, insiste-t-on.

“L’administration numérique, c’est très important, la simplification, c’est essentiel pour la survie de la Nation, mais si la MAP n’a pas une finalité un peu budgétaire, les économies, on ne les fera pas”, lâche un conseiller gouvernemental.