En cette Assemblée générale de l’UTICA, tenue mardi 18 décembre 2012, portant adoption d’un nouveau statut pour l’organisation patronale, ceux qui ont condamné l’exclusion orientée aussi bien envers les anciens de l’UTICA que les jeunes et ont prôné le consensus, ont de loin dépassé en nombre ceux qui défendaient la thèse de l’exclusion. En cette journée historique pour la centrale patronale, nous n’avons pas entendu le verbe désormais familier sortant de la bouche des Tunisiens «Dégage».
«Nous avons voulu, en tant qu’équipe ayant travaillé pendant plus d’une année avec l’UTICA pour la supervision et l’élaboration des nouveaux statuts, prendre en compte toutes les propositions et les projets suggérés par les adhérents. Nous avons veillé à être aussi neutres que possible sans prise de partie et à assurer notre rôle d’experts en toute impartialité. Je puis également vous garantir que nous n’avons subi aucune pression d’aucune part, et c’est ce qui me pousse à être plus qu’optimiste quant aux orientations démocratiques concrètes de la centrale patronale», a déclaré à l’ouverture de l’Assemblée Ghazi Ghrairi, expert juridique, chercheur et universitaire qui a procédé à l’examen des projets d’amendement.
Des projets qui étaient au nombre de 2 avant de devenir 5, chacun voulant apporter son grain de sel. Les 5 projets de statuts se rejoignent à hauteur de 85% sur l’essentiel, a affirmé Ghazi Ghrairi en soulignant que tous plaident en faveur d’une meilleure gouvernance, de plus de transparence et d’intégrité, d’un meilleur contrôle financier et administratif, d’une mise en place d’une charte éthique engageant tous les adhérents, ainsi que d’une démarche plus autonome dans la gestion de la centrale patronale et de son indépendance face aux partis politiques et aux pressions idéologiques.
Tous les projets des statuts ont par ailleurs approuvé la mise en place de nouvelles conditions pour intégrer le bureau exécutif ainsi que la constitution d’un comité de sages et la mise en place d’un organe d’arbitrage et d’un centre d’études stratégiques.
Les désaccords concernent les niveaux de représentativité des régions ainsi que des différents secteurs par ordre d’importance, leur poids économique et le nombre de leurs adhérents au sein du bureau exécutif de l’UTICA ainsi que l’éligibilité des nouvelles recrues aux hauts postes de la centrale.
Les différentes interventions de la matinée du mardi 18 ont été axées sur la nécessité d’éviter désormais la «dictature de la Centrale» et d’accorder plus d’importance aux décisions prises au niveau des régions, par secteur et fédération. Elles ont été monopolisées par toutes les petites entreprises et les petits métiers: «Ceci s’explique par le fait que les grands groupes et les grandes entreprises ont plus de chance de faire parvenir leurs opinions et d’exprimer leurs positions que leurs homologues dans les régions ou qui opèrent dans des activités assez modestes parce que proches des centres du pouvoir», a indiqué un haut cadre de l’UTICA.
Même si la logique d’un débat sur les projets des statuts met tout le monde sur le même pied d’égalité de notre point de vue et si le nombre des représentants des grands groupes reste assez modeste par rapport à leur réel poids dans l’économie du pays.
La démocratie est loin d’être un long fleuve tranquille et son apprentissage se fait plutôt dans des mers houleuses traversées par des tempêtes de protestations, de reproches, de plaintes, de désapprobations et de critiques, des fois justifiées et d’autres gratuites. L’essentiel, estiment les participants au congrès, c’est d’arriver à un consensus, des compromis qui permettraient à une institution de l’importance et de la taille de l’UTICA de pouvoir assurer son rôle dans le développement d’un leadership économique digne d’un pays qui cherche encore ses repères à travers une révolution inachevée.