ésidente du Medef, Laurence Parisot, le 18 décembre 2012 à Paris (Photo : Eric Piermont) |
[19/12/2012 08:33:09] PARIS (AFP) Les partenaires sociaux se retrouvent mercredi et jeudi pour deux séances de négociation sur l’épineuse réforme du marché du travail que le Medef espère “conclusives”, mais l’éventuel accord pourrait être loin du “compromis historique” voulu par François Hollande.
Depuis le dernier round, le 6 décembre, des rencontres bilatérales informelles se sont tenues tous azimuts, les ténors s’efforçant de mettre la pression.
“Le Medef est déterminé et impliqué pour aboutir à un accord” afin de “dégripper ce qui ne fonctionne plus dans notre pays”, a assuré mardi la présidente du Medef Laurence Parisot. Confiante, elle pense un accord possible “dès cette semaine”.
Dimanche, le ministre du Travail, Michel Sapin, a appelé les partenaires sociaux à “ne pas faire petit”. “Nous ne voulons pas d’un accord insipide”, a-t-il prévenu, rappelant qu'”il y aura de toute façon une loi”.
Sur fond d’explosion du chômage, François Hollande a souhaité que la négociation pour “une meilleure sécurisation de l’emploi”, lancée le 4 octobre, aboutisse avant la fin d’année à un accord “gagnant-gagnant” entre plus de sécurité pour les salariés et de flexibilité pour les entreprises. L’enjeu: faciliter les adaptations et donc éviter les licenciements.
Mais les discussions butent toujours sur la modulation des cotisations d’assurance-chômage pour décourager les contrats précaires (CDD, intérim), jusqu’ici refusée par le Medef.
La patronne des patrons a répété qu’elle “ne voy(ait) pas en quoi une taxation des contrats courts améliorerait les embauches” en CDI.
Le nouveau texte transmis mardi aux syndicats élude toujours la question que quatre d’entre eux (CGT, CFDT, CFTC, FO) posent pourtant comme un préalable.
éro un de la CGT, Bernard Thibault, le 7 novembre 2012 à Montreuil (Photo : Patrick Kovarik) |
Cette troisième mouture patronale est par ailleurs très loin du “profond” remaniement promis après la levée de boucliers syndicaux au round précédent.
“Chantage”, pour la CGT
“Cadeau empoisonné” et “chantage à une hypothétique complémentaire santé pour tous les salariés contre des procédures de licenciement accélérées”, a aussitôt dénoncé la CGT.
En contrepartie de nouveaux droits pour les salariés, le patronat propose d’assouplir les règles du licenciement, de “sécuriser” les plans sociaux, faciliter la mobilité interne et les accords de flexibilité en cas de difficultés conjoncturelles.
Evoquant l’hypothèse probable d’une signature de la CFDT, de la CFTC et de la CFE/CGC, le numéro un de la CGT Bernard Thibault avait, dès la semaine dernière, appelé les parlementaires à minimiser la portée d’un éventuel accord et mis en cause “la légitimité des signataires potentiels”.
FO reste attentiste. “Aujourd’hui encore, on a un texte qui est surtout axé vers plus de flexibilité pour les employeurs”, “je ne suis pas optimiste”, commentait à la veille de la séance son leader Jean-Claude Mailly.
Pour être validé, un accord ne doit pas rencontrer l’opposition de plus de deux des cinq syndicats.
“Pour l’instant, ce n’est pas signable (…) la signature de la CFDT n’est pas acquise”, a prévenu le nouveau patron de la CFDT, Laurent Berger, qui sait qu’il sera jugé sur ce premier dossier.
Pour donner à la négociation une ultime chance, celle-ci pourrait déborder sur le mois de janvier, prévient-on du côté des syndicats.
étaire général de la CFDT, Laurent Berger (gauche), le 30 novembre 2012 à Paris (Photo : Miguel Medina) |
In fine, il semble difficile que la modulation des cotisations sur les contrats précaires, qui figure dans la feuille de route du gouvernement confiée aux négociateurs et dans les 60 engagements de François Hollande, ne revienne pas dans l’accord.
Le Medef pourrait céder en échange d’un assouplissement en matière de licenciements. Mais jusqu’au bout, il retiendra ses cartes. “On n’est pas au bout de la négociation”, soulignait mardi un négociateur patronal.