Air France : un CCE potentiellement tendu jeudi et vendredi

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à Roissy (Photo : Jacques Demarthon)

[19/12/2012 18:59:23] PARIS (AFP) Le comité central d’entreprise d’Air France, convoqué jeudi et vendredi, s’annonce potentiellement tendu, en raison notamment de la renégociation du temps de travail des personnels au sol, et de l’épineuse question du CCE lui-même, à nouveau menacé de cessation de paiement.

Parmi les points sensibles à l’ordre du jour figure la consultation des élus sur le projet d’accord relatif à l’aménagement du temps de travail.

En juillet, les syndicats CFDT, CFE-CGC et FO d’Air France avaient signé le projet Transform 2015 pour les personnels au sol, prévoyant 5.122 suppressions de postes et une refonte des principaux accords d’entreprise (RTT, congé, temps de repos, etc..) afin d’atteindre un gain de productivité d’environ 20%.

La perte de 11 à 12 jours non travaillés dans l’année (RTT, compensation jours fériés, etc.) était l’une des concessions acceptées.

Les négociations sont entrées dans le vif du sujet à l’automne. “Quand on est entré dans les détails, (…) la direction est allée assez loin dans sa volonté de flexibilité, les négociations ont été tendues”, a confié Michel Salomon (CFDT).

“On peut voir le gain de productivité sur les RTT, mais pour le reste, ils ont déjà beaucoup de moyens de jouer sur la flexibilité alors pourquoi en rajouter?”, poursuit le responsable CFDT, syndicat qui “entend obtenir des garanties fortes pour les salariés et des garde-fous contre les tentations de destruction des horaires décalés”.

Pour David Ricatte (CGT), “la direction va au-delà de la vie professionnelle, elle touche à la vie intime des salariés, et tout cela va bien trop loin”.

Les expertises demandées dans les CHSCT n’ont pas toutes été restituées, affirme-t-il, estimant donc qu’en l’état, la direction ne peut consulter les élus. “Si elle persiste à vouloir passer en force, on lancera une nouvelle procédure juridique pour délit d’entrave”, prévient-il.

Un CCE en sursis

Un autre point s’annonce tendu, celui de l’état financier du CCE, qui gère les activités sociales et culturelles pour les quelque 49.300 salariés de la compagnie. Le CCE est en proie à de fortes turbulences depuis 2009, après la découverte d’un déficit cumulé de 15 millions d’euros, et à des luttes intestines.

En juillet, il avait été sauvé in extremis de la cessation de paiement, 12 des 15 élus votant un plan de départs volontaires (PDV) et un recours à l’emprunt, via une fiducie.

La fiducie, qui consiste à effectuer un transfert de biens à un tiers jusqu’à leur vente, en échange de lignes de crédit, s’élève à 17 millions d’euros et court sur trois ans.

Selon le secrétaire général Didier Fauverte (CGT, aux commandes du bureau du CCE en 2011), sur ces 17 millions, seuls 12 millions ont été débloqués. Le CCE est donc consulté jeudi et vendredi pour débloquer la différence.

Selon M. Fauverte, sur les 19 biens immobiliers que le CCE veut céder pour renflouer sa trésorerie, un premier a été vendu lundi pour 1,9 million, un autre devait l’être mercredi pour 1,8 million, un troisième étant en voie d’être cédé pour 1,15 million.

“Si les élus refusent jeudi, très vite on va se retrouver en cessation de paiement, alors qu’en 2014 le CCE aurait pu redevenir sain financièrement, et on ne pourra pas mettre en place le PDV car on ne peut pas le payer”, assure M. Fauverte.

Michel Salomon indique que les élus CFDT “arrivent avec beaucoup de scepticisme”.

Le PDV concernera 90 postes, sur 246 personnes travaillant pour le CCE. Son coût: environ 5,8 millions d’euros.

Alors que le PDV expire fin février, seules 37 demandes de départ officielles ont été enregistrées, “une dizaine d’autres sont dans les tuyaux”, dit M. Fauverte. Le risque de licenciement se profile donc.