étaires dans le secteur de la santé, le 19 décembre 2012 (Photo : Pedro Armestre) |
[20/12/2012 11:45:07] MADRID (AFP) Les députés espagnols approuvent jeudi le budget 2013 du pays, marqué par une austérité sans précédent et un tour de vis de 39 milliards d’euros, qui sera accueilli à Madrid par un “cortège funèbre” de la mouvance des indignés, pour dénoncer “le budget de la faim et de la misère”.
Dans un climat social très lourd, plombé par un chômage à plus de 25%, une pauvreté galopante, des manifestations quotidiennes dans toutes les villes, ce budget vise à redresser les comptes publics du pays, quatrième économie de la zone euro, plongé dans la crise depuis l’éclatement de la bulle immobilière en 2008.
Une politique de la rigueur à outrance de plus en plus contestée par les économistes, est perçue comme un frein à la reprise et dénoncée pour ses retombées sociales à long terme.
Déjà, toutes les organisations humanitaires s’alarment: 12,7 millions de personnes sont en danger de pauvreté dans ce pays de 47 millions d’habitants, selon une récente étude européenne. Un chiffre qui pourrait grimper à 18 millions, presque 40% de la population, dans dix ans, affirme un rapport de plusieurs ONG, dont Oxfam, “si les politiques d’austérité et les coupes sociales ne sont pas corrigées”.
“2012 a été l’année la plus difficile qu’il nous ait été donné de vivre”, a admis cette semaine le chef du gouvernement de droite, Mariano Rajoy, qui, un an après son arrivée au pouvoir, ne parvient toujours pas à tirer les bénéfices de cette austérité draconienne.
“2013 sera une année difficile, mais sera l’année de la stabilisation de notre économie”, a-t-il promis.
L’année à venir pourtant s’annonce tout aussi sombre, alors que la sortie de la récession dans laquelle est plongée l’Espagne depuis un an ne se profile toujours pas : le gouvernement attend un recul du PIB de 0,5% en 2013, après 1,5% cette année. Mais l’OCDE prédit déjà une contraction de l’économie de 1,4% en 2013.
La reprise est d’autant plus hypothétique que le budget 2013 multiplie les coupes, dans le but de récupérer 39 milliards d’euros.
Parmi les économies à réaliser, les prestations chômage baisseront de 6,3%, tandis que l’Etat attend des rentrées fiscales supplémentaires, tirées notamment de la hausse de la TVA, pour 15 milliards d’euros.
Les budgets des ministères seront réduits en moyenne de 8,9%, celui de l’Industrie chutant de 21,3%, celui de l’Agriculture de 25,4%, celui de l’Education, de la Culture et des Sports de 17,2%.
ût 2012 à leur palais de Palma de Majorque (Photo : Jaime Reina) |
Même la Maison Royale va payer, avec une diminution de son budget de 4%, en ligne avec les coupes qui frappent l’ensemble des administrations.
Les régions, remises au pas après des années de dérive financière, sont mises à contribution, avec de lourdes répercussions sur les budgets de la santé et de l’éducation, qu’il leur revient de gérer en vertu de leur statut d’autonomie.
Les retraités eux aussi sont frappés: revenant sur une sacrosainte promesse électorale, le gouvernement a brisé le tabou, décidant que les pensions seraient revalorisées moins que prévu.
Ce budget entre dans le cadre d’un plan d’économies dicté à l’Espagne par l’Union européenne, prévoyant 150 milliards d’euros d’économies jusqu’en 2014, afin de réduire un déficit public qui a dérapé jusqu’à 9,4% du PIB en 2011.
En 2012, l’objectif est de 6,3%, un chiffre qui devrait être “compliqué” à atteindre, a admis le gouvernement, puis de 4,5% en 2013 et de 2,8% en 2014.
“Nous travaillons avec pour horizon le retour à la croissance et à la création d’emploi pour 2014”, a assuré Mariano Rajoy. Sans convaincre une opinion publique de plus en plus lasse et les milliers de manifestants qui font entendre leur voix chaque jour.
Jeudi soir, les indignés appellent à participer à un “cortège funèbre” à travers Madrid, jusqu’aux portes du Congrès, la chambre basse du Parlement.
“Nous appelons tous les citoyens, avec des bougies, en habit de deuil, à participer massivement à cette manifestation en signe de rejet après l’approbation du buget de la faim et de la misère”, affirme le mouvement.
Pendant ce temps, médecins et infirmières continuent d’inonder les rues de Madrid de leurs “marches blanches”, pour défendre la santé publique mise en danger, selon eux, par le budget 2013 de la région. Juges et avocats manifestaient eux aussi jeudi pour défendre une justice équitable.