écrans de télévision (Photo : Thomas Samson) |
[20/12/2012 11:59:03] PARIS (AFP) La vidéo à la demande par abonnement, qui explose aux Etats-Unis, est encore peu développée en France mais devrait décoller en 2013 avec le lancement d’offres françaises et l’arrivée des géants américains Amazon et Netflix qui pourraient raccourcir les calendriers de diffusion.
Appelée SVOD, pour “subscription video on demand”, ou VADA, la vidéo à la demande par abonnement consiste en un accès illimité à un catalogue de films, séries et documentaires, moyennant un forfait mensuel allant de 6 à 10 euros en moyenne.
L’américain Netflix, un des géants du secteur, compte déjà environ 28 millions d’abonnés aux Etats-Unis où il affirme représenter 33% du trafic internet national à lui seul. Aux USA, le chiffre d’affaires de la SVOD est passé de 4 à 454 millions d’euros entre 2010 et 2011.
En France, seules quelques centaines de milliers de personnes ont sauté le pas via des offres comme CanalPlay Infinity, VideoFutur ou encore FilmoTV, accessibles grâce à la box de leur opérateur ou via internet.
“En France, à l’heure actuelle c’est assez brouillon. C’est plutôt difficile pour un consommateur de s’y retrouver, le marché n’est pas stabilisé et on est loin d’un Netflix ou d’un LoveFilm (l’offre d’Amazon, ndlr)”, résume à l’AFP Gilles Pezet, du cabinet NPA.
Il évoque cependant des “éléments accélérateurs” comme “l’arrivée des anglo-saxons, déjà présents dans de nombreux pays et qui ont une longue tradition” dans ce domaine.
Amazon est attendu sur le marché français au printemps, tandis que Netflix, qui devait initialement faire de même, a reporté son lancement et dit “se concentrer pour l’instant sur les 51 pays” où il est déjà présent.
D’autres projets français doivent voir le jour en 2013, dont la plateforme “Jook Vidéo” d’ABSat qui a signé des accords avec les studios Warner et Sony.
16% des Français disent avoir déjà pratiqué au moins une fois la SVOD, et 6% utilisent ce service actuellement, selon une étude Médiamétrie publiée jeudi dans laquelle 58% des sondés disent attendre de ces services “un prix plus attractif”, et 23% “des vidéos plus récentes”.
Problème: la réglementation française qui régit la “chronologie des médias” interdit de proposer en SVOD des films moins de 3 ans après leur sortie en salles, alors que les Américains ont des délais imposés beaucoup plus courts.
Mais la réglementation française ne s’applique que pour les sociétés établies en France et rien n’interdirait une plateforme basée ailleurs en Europe de diffuser des films dans un délai plus court.
“Grâce à Netflix, une partie des nouveaux films est disponible 11 à 12 mois après leur sortie, contre 36 mois en France. Netflix est en train de créer une fenêtre pour le cinéma +frais+”, résume Gilles Fontaine, expert à l’Institut européen Idate, spécialisé dans les télécoms et l’audiovisuel.
“Les studios (de cinéma) vont essayer de toucher les client de manière la plus directe possible. On peut se demander si les chaînes (françaises) n’ont pas de soucis à se faire” face à ces nouveaux concurrents potentiels que représentent les services de VADA, estime Emmanuel Gabla, membre du CSA.
“D’où l’intérêt de créer leurs propres programmes pour ne pas dépendre” d’acteurs extérieurs, souligne-t-il.
Pour Gilles Fontaine, de l’Idate, c’est aux chaînes de télévision européennes de créer leur propre service de VADA. “Il faut s’appuyer sur nos forces plutôt que de créer un second marché”, juge-t-il.
De son côté, Netflix se défend de vouloir imposer des formats exclusivement américains. Kelly Merryman, vice-présidente du groupe en charge des contenus de Netflix, indiquait en novembre au congrès de l’Idate que “hors Etats-Unis, 15 à 20% des programmes proposés sont des programmes locaux”.