Insee : la France s’engage en 2013 sans aucun élan de croissance

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ôle Emploi à Reims (Photo : Francois Nascimbeni)

[20/12/2012 21:13:53] PARIS (AFP) L’économie française va commencer l’année 2013 sans aucun élan de croissance et elle continuera à détruire des emplois au premier semestre, selon l’Insee, qui a révisé à la baisse sa prévision de croissance pour 2012, mais ne prévoit pas de récession d’ici à juin.

“Notre prévision peut être résumée en trois mots: toujours pas d’élan”, a déclaré jeudi le chef du département de la conjoncture, Cédric Audenis en présentant la note de conjoncture de décembre dont les perspectives vont jusqu’à fin juin.

Cette faiblesse risque de compliquer la tâche du gouvernement qui mise sur une croissance de 0,8% en 2013 pour tenir ses objectifs de réduction des déficits publics à 3% du PIB à la fin de l’année.

L’Institut national de la statistique et des études économiques prévoit un petit 0,1% de croissance du produit intérieur brut (PIB) sur les deux premiers trimestres et a revu à 0,1% au lieu de 0,2% sa prévision pour 2012 contre une prévision officielle du gouvernement de 0,3%.

Pour le quatrième trimestre de cette année, l’institut s’attend à une contraction de 0,2% du PIB par rapport à celui du trimestre précédent. En revanche, la perspective d’une croissance positive début 2013 écarte l’hypothèse d’une récession (deux trimestres consécutifs de contraction).

Si le scénario de l’Insee se concrétise, il faudra sur le second semestre une croissance non négligeable de quasiment 1% par trimestre pour atteindre la progression de 0,8% de l’activité économique escomptée.

A fin juin, l’acquis de croissance pour l’ensemble de l’année 2013, c’est-à-dire le résultat qui serait constaté si le PIB devait stagner sur les deux derniers trimestres, serait ainsi de 0,1% seulement.

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énages en 2011, et prévisions pour 2012 et 2013

“Si notre acquis à la fin juin restait de 0,1%, alors il faudrait une croissance de quasiment un point par trimestre au second semestre” pour atteindre 0,8% sur l’année, estime Cédric Audenis.

Pour échapper à un tel défi, il serait nécessaire que des bonnes surprises, que n’exclut d’ailleurs pas l’institut, interviennent dès le premier semestre. “A savoir une reprise venant de l’extérieur encore plus soutenue” ou “une baisse du prix du pétrole liée à la détente du marché”, au lieu d’une simple stabilité prévue des cours de l’or noir.

Destructions d’emplois

“A croissance en berne correspondraient malheureusement des destructions d’emplois”, indique le statisticien, qui les estime à 75.000 pour le premier semestre 2013. Dont la moitié dans l’industrie, précise son collègue Jean-François Ouvrard, chef de la division Synthèse conjoncturelle.

A 9,9% au troisième trimestre 2012 (10,3% départements d’outre-mer compris), le taux de chômage devrait atteindre 10,5% de la population active au deuxième trimestre 2013 en France métropolitaine (10,9% DOM compris).

Selon l’Insee, le pouvoir d’achat individuel, appelé “par unité de consommation” des Français, qui tient notamment compte des évolutions démographiques et de la composition des foyers, devrait reculer de 0,8% en 2012 après une légère baisse de 0,1% l’année précédente.

“Deux facteurs” interviennent: “la dégradation du marché du travail” et “des salaires peu dynamiques”, d’une part, et “les prélèvements obligatoires qui sont en augmentation en 2012 et qui le seront à nouveau en 2013”, d’autre part, explique M. Audenis. L’inflation serait stable à 1,4% en juin 2013 sur un an.

Les ménages, pour maintenir leur consommation, compensent cette baisse du pouvoir d’achat en réduisant leur taux d’épargne, lequel devrait s’établir à 16,1% mi-2013 (16,5% mi-2012).

La consommation des ménages baisserait légèrement au quatrième trimestre 2012 puis serait stable au premier semestre 2013. Sur 2012, elle “serait à l’arrêt”.

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ôle Emploi, à Pontault-Combault en région parisienne, le 10 septembre 2012 (Photo : Jacques Demarthon)

Quant à l’investissement des entreprises, il devrait reculer de 0,2% en 2012 et les industriels interrogés en octobre prévoient une baisse de 2% au premier semestre 2013.

Côté demande extérieure, on constate “la reprise des économies émergentes qu’on a attendue durant toute l’année 2012”, se félicite M. Audenis: elle “va tirer les économies avancées au premier semestre 2013 mais sans excès”.

Au final, “à l’horizon de la prévision, la contribution comptable du commerce extérieur à la croissance serait nulle”, précise l’Insee.