Chypre : Standard and Poor’s abaisse un peu plus la note de la dette

photo_1356072516529-1-1.jpg
à New York (Photo : Emmanuel Dunand)

[21/12/2012 06:51:11] NEW YORK (AFP) L’agence de notation Standard and Poor’s (SP) a pour la troisième fois depuis août enfoncé un peu plus dans la catégorie spéculative la note de la dette de Chypre en l’abaissant de deux crans, de “B” à “CCC+”, invoquant l’attente toujours vaine d’un sauvetage financier.

Selon S&P, la solvabilité du pays “s’est encore détériorée depuis le dernier abaissement” en octobre, alors que “la pression financière s’est intensifiée” sur Nicosie et que “l’incertitude demeure sur les termes de tout soutien officiel dans l’attente de l’élection présidentielle en février 2013”.

Les négociations avec la troïka, qui regroupe le Fonds monétaire international (FMI), l’Union européenne (UE) et la banque centrale européenne (BCE) “sont lentes depuis que Chypre a demandé un soutien financier en 2012”, a notamment déploré l’agence dans un communiqué.

Le FMI a d’ailleurs annoncé jeudi que les longues tractations sur un plan d’aide à Chypre ne devraient pas aboutir avant la fin de l’année en dépit des difficultés du pays, plombé par son exposition aux banques grecques.

S&P a assorti sa nouvelle note d’une perspective négative de la note, ce qui signifie qu’elle pourrait rapidement la détériorer de nouveau.

“Alors que les options de financement du gouvernement sont de plus en plus limitées, et qu’il nous semble que les partenaires de Chypre dans la zone euro font preuve d’hésitation à partager le coût d’une sévère crise bancaire, nous considérons que le risque d’un défaut de paiement est important et s’accroît”, a précisé S&P.

L’agence estime par ailleurs que le budget 2013 présenté par le gouvernement contient des coupes budgétaires conséquentes mais que les prévisions de recettes “sont peut-être trop optimistes”.

Les députés chypriotes ont voté tard mercredi un budget comprenant un ensemble de mesures d’austérité, dont le recul progressif de l’âge de départ à la retraite à 65 ans pour le service public ou la réduction de la masse salariale de l’Etat.

Ces mesures visent à réduire le déficit de 1,3 milliard d’euros, soit l’équivalent de 7,25% du PIB.

Mais “la question essentielle autour du financement du soutien en capital au système bancaire chypriote, estimé à 95 milliards d’euros, reste sans réponse”, a souligné S&P.

Selon l’agence, la dette publique de Chypre “dépasserait largement les 100% de son PIB” si le gouvernement chypriote devait assurer le coût de la recapitalisation des banques.

Nicosie estime pour sa part avoir besoin de 17 milliards d’euros sur quatre ans pour soutenir son économie et ses banques, ce qui représente à peu de choses près un an de PIB de l’île.