Les Européens n’envisagent pas d’effacement de la dette de Chypre

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à Bruxelles, le 13 décembre 2012 (Photo : John Thys)

[21/12/2012 14:24:58] NICOSIE (AFP) Les instances européennes n’envisagent pas un effacement de la dette de Chypre, qui a vu sa note s’enfoncer encore cette semaine malgré l’adoption d’un budget d’austérité sévère dans l’attente toujours vaine d’un sauvetage financier.

Le président chypriote, Demetris Christofias, a lui-même exclu l’idée d’un effacement de sa dette: “Chypre n’acceptera pas une chose pareille”, a-t-il déclaré vendredi à des journalistes.

Jeudi, le quotidien allemand Süddeutsche Zeitung avait rapporté que le Fonds monétaire international (FMI) conditionnait sa participation à un plan d’aide à un effacement partiel de la dette chypriote, estimant que la mise en place des réformes exigées ne suffirait pas.

Le chef de file des ministres des Finances de la zone euro, le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker, a exclu vendredi de recourir à un effacement de la dette en rappelant que cette mesure avait été prise “de manière exceptionnelle” pour la Grèce.

“La question ne se pose pas”, a également déclaré Jörg Asmussen, membre du directoire de la Banque centrale européenne (BCE). “Cependant, il est prévisible que le niveau de l’endettement de Chypre ne sera pas supportable” et “nous devrons regarder toutes les mesures pour le rendre supportable”, a-t-il ajouté.

Chypre est toujours en négociation avec la troïka – FMI, UE et BCE -, appelée à l’aide en juin. Nicosie estime avoir besoin sur quatre ans de 17 milliards d’euros, l’équivalent du PIB annuel du pays, dont 10 milliards pour renflouer les banques, plombées par la dette grecque.

Le gouvernement chypriote, qui ne peut plus emprunter sur les marchés internationaux depuis juillet 2011, a dû puiser en début de semaine dans les fonds de pension d’organismes semi-publics pour pouvoir verser les 12e et 13e mois des fonctionnaires.

Mais le ministère des Finances a assuré depuis que le budget était assuré jusqu’à l’arrivée de la première tranche d’aide, espérée en mars. Le FMI a en effet confirmé jeudi que les longues tractations sur le plan d’aide n’aboutiraient pas avant la fin de l’année. Pour MM. Juncker et Asmussen, elles devraient être finies pour l’Eurogroupe du 21 janvier.

“le pire est à venir”

Devant la lenteur des discussions, l’agence de notation Standard and Poor’s (SP) a pour la troisième fois depuis août enfoncé un peu plus la note de la dette de Chypre dans la catégorie spéculative en l’abaissant de deux crans, de “B” à “CCC+”.

“Alors que les options de financement du gouvernement sont de plus en plus limitées et qu’il nous semble que les partenaires de Chypre dans la zone euro font preuve d’hésitation à partager le coût d’une sévère crise bancaire, nous considérons que le risque d’un défaut de paiement est important et s’accroît”, a précisé SP.

Surtout, si le gouvernement doit assurer le coût de la recapitalisation des banques chypriotes, estimée à 95 milliards d’euros, la dette publique dépassera “largement” les 100% du PIB, a insisté SP. Pour l’instant, cette dette est estimée à 85,8% du PIB et devrait atteindre au moins 92% en 2013.

Pour tenter de convaincre les bailleurs de fonds, les députés chypriotes ont adopté mercredi à la quasi-unanimité un budget d’austérité prévoyant une baisse de plus de 15% des salaires des fonctionnaires en 2013, un recul progressif de l’âge de leur départ à la retraite à 65 ans avec une révision du mode de calcul des pensions.

Parallèlement, la TVA et les taxes sur les cigarettes ou encore l’essence va augmenter, ce qui va plomber une consommation déjà en berne: la plus grande chaîne de supermarchés de l’île, Orphanides, est sous séquestre depuis la semaine dernière, et les petits commerces ferment par dizaines dans l’île.

Dans ces conditions, après un recul du PIB estimé à 2,4% en 2012, la récession devrait prendre de l’ampleur en 2013 (-3,5%), tandis que le taux de chômage, qui a déjà bondi à 12%, pourrait continuer à grimper.

Selon le baromètre européen publié jeudi, 88% des Chypriotes interrogés pensent que “le pire est à venir”, loin devant tous les autres Européens.