Tout va mal? Tout va bien?

ugtt-tunisie-22122014.jpgLa
situation est alarmante au point que l’UGTT a abandonné son idée de grève
générale, pourtant réclamée par une grande partie de sa base chauffée à blanc
par les agressions des ligues nahdhaouis et par les médias qui ne lâchent pas le
morceau!

La situation est alarmante sur les frontières de l’ouest où des ouailles
orphelines d’Oussama Ben Laden veulent se préparer au grand Jihad qu’elles
croient avoir commencé au nord du Mali !

La situation est alarmante quand, successivement, plus de 8 ou 10 sessions de
l’ANC sont reportées par manque de quorum! Ben Jaafar, président de l’ANC, est
abonné aux désastres!

La situation est alarmante quand
Ennahdha arrive à faire voter le texte qu’elle
souhaite pour la prochaine ISIE et que, faute de temps, dans la précipitation,
on s’aperçoit que ce texte est mal ficelé!

La situation est alarmante sur le front économique avec la nouvelle baisse de la
note de la Tunisie par Fitch Ratings, par l’inflation galopante, la
désorganisation de certains secteurs et la mauvaise gestion d’autres, avec la
croissance exponentielle de la contrebande tous azimuts et surtout pour les
produits soutenus par le budget de l’Etat!

Oui tout ceci est alarmant, et les Tunisiens ont l’impression que vraiment rien
ne marche depuis ce fameux 17 décembre 2010. Un facebooker se marre en affichant
sur sa page la photo de la femme qui a agressé Mohamed Bouazizi en lui
demandant: «mais pourquoi tu nous a fait tout ça?!»

Mais il faut relativiser tout ce marasme pour pouvoir s’en sortir. Il faut se
rappeler que la classe politique tunisienne actuelle n’à presque aucune
expérience de pouvoir et des joutes démocratiques et qu’il est dans l’ordre des
choses que nous nous bagarrions pour un oui et pour un non! Il faut se rappeler
que la cohésion du parti
Ennahdha au pouvoir n’est en aucun cas acquise et que
cette formation est partagée entre une frange dite de «prison» qui a vécu avec
les Tunisiens et a compris beaucoup de choses en luttant contre Ben Ali sur le
terrain, et une autre frange qui a été pendant plus de 20 ans abreuvée par la
littérature et la politique des wahabites saoudiens et khalijis sans vraiment
aucun contact avec la Tunisie réelle.

Le parti majoritaire traîne aussi d’autres casseroles comme celle de ses
partisans obtus et très fermés qui croient qu’ils ont vraiment eu tout le
pouvoir pour faire de la Tunisie cet «émirat islamique» dont parle la
littérature partisane qu’ils ont apprise!

De l’autre côté, et en dehors de la gauche dite radicale et ses multiples
franges marxistes, nationalistes et autres anarchistes qui se bagarrent encore
avec leur héritage de pensée unique, il n’y a pas en Tunisie de parti de
«centre» ou de droite dite libérale à proprement parler pour équilibrer la scène
politique. Les partis comme Nidâa Tounes, le Parti Républicain ou El Massar
n’ont pas eu le temps de développer une pratique et une littérature efficaces
dans ce sens!

Ce que nous vivons à l’ANC et sur les plateaux de télé n’est pas en soit une
hérésie. Nous sommes tous en train de nous chercher et, dans la foulée, de
marquer nos positions, d’où cette tendance à la gesticulation et à qui élève le
plus la voix. C’est vrai qu’on est dans le risque de ne plus se faire entendre
mais même ceci n’est que momentané!

La question est aujourd’hui combien de temps ça va durer. Il faut vite passer à
autre chose!