Un plan de sortie de crise pour Tunisair

tunisair-251212-01.jpg300 MDT, c’est le montant du déficit de la compagnie aérienne nationale pour les années 2011/2012. De quoi faire frémir plus d’un manager. Décidément, les années passent mais ne changent en rien la dégringolade d’une compagnie considérée dans les années 80/90 comme l’un des fleurons des compagnies aériennes arabes.

Conjuguée à la récente décision du gouvernement d’accorder la 5ème liberté à Qatar et aux mauvaises décisions, reconnaissons-le, de réintégrer Tunisair Catering et Tunisair Handling de nouveau à la compagnie mère, il faudrait un plan Marshall pour remettre à flots la compagnie qui a subi également les pertes de «Mauritania Airways» déclarée en état de cessation de paiement.

L’OACA, pour sa part, a effacé l’ardoise de dettes de Tunisair qui s’élève à 160 MDT. La compagnie nationale n’arrivant plus à rembourser ses dettes et dont les revenus n’arrivent plus à couvrir ses dépenses. C’est dans ce contexte qu’un plan de sauvetage a été récemment soumis au ministre du Transport, Abdelkrim Harouni.

Un plan constitué de trois axes. Le premier viserait à faire le point sur la situation actuelle de la compagnie, le deuxième, la proposition de solutions, et le troisième, la mise en place d’une stratégie de relance pour l’avenir.

Ca serait la décision de réintégration du catering et du handling qui aurait le plus, cette année, mis à mal Tunisair à cause de l’augmentation du montant des salaires de près de 40 MDT annuellement, sachant que la totalité des salaires Tunisair sont de l’ordre de 300 MDT par an.

La croissance du nombre d’employés n’aurait pas plaidé, si l’on en croit le rapport, pour l’amélioration de la qualité des prestations au sol à tel point que les pertes engendrées s’élèveraient à 10 MDT en 2008. Sans raisons apparentes, d’ailleurs, lorsque l’on sait que partout dans le monde, y compris au Maroc, la maintenance et l’exploitation d’un avion exige 100 employés. En Tunisie, 200 personnes s’en occuperaient sans pour autant améliorer les services.

Tunisair aurait par ailleurs subi près de 50 MDT de pertes entre 2003 et 2010 à cause d’un usage exagéré de l’avion présidentiel. Pour les 9 mois de l’année 2012, les dépenses engendrées par les déplacements du président de la République, Moncef Marzouki, auraient atteint les 4,65 MDT, apparemment pas encore réglées. La compagnie aurait également investi près de 10 MDT en frais de communication, transport des membres du gouvernement, soutien au secteur touristique ainsi que pour la réduction des prix des billets d’avion en direction de la diaspora tunisienne à l’étranger.

Des portes de sortie de crise à condition d’oser !

Pour remédier à cette situation, les initiateurs du rapport ont appelé l’autorité de tutelle (ministère du Transport) à limiter son interventionnisme dans la gestion de la compagnie aérienne qui évolue dans un environnement compétitif exigeant efficience et rentabilité. «Il est impératif d’adapter les salaires des agents à leurs qualifications et leur productivité. Il est tout aussi inadmissible et très risqué de ne pas recourir aux contractuels et à l’intérim pour limiter les frais. Tout comme il va falloir à Tunisair de recourir, pour les plus de 50 ans, au dispositif de préretraite qui permet de partir à la retraite de manière anticipée et réduire ainsi le nombre de personnels aujourd’hui en surplus».

Plus encore, parmi les conditions sine qua none pour la relance de Tunisair, nous pouvons citer:

– Le gel des salaires sur 2013/2014;

– La mobilisation des équipages pour plus de temps de travail (entre 12 et 14 heures);

– Développer une stratégie commerciale plus agressive qui tendrait vers l’ouverture de 20 nouvelles lignes sur le Burkina Faso, le Tchad, le Cameroun, le Ghana, le Togo, le Gabon, le Congo Kinshasa, le Congo Brazzaville, le Bénin, le Nigeria, la Guinée, la Gambie, le Niger, l’Angola et l’Ouganda. A condition, bien entendu, que Qatar Airways n’entre pas rapidement sur la ligne…

– Développer le long courrier à destination des Etats-Unis, du Canada et de l’Afrique du Sud et transformer l’aéroport Tunis-Carthage en un aéroport de transit;

– Renforcer la dimension commerciale des vols Tunisair en introduisant les nouvelles technologies dans la vente des produits à bord des avions et en y ajoutant les réservations hôtelières;

– Réviser la charte graphique de la compagnie;

– Intégration de la compagnie dans des réseaux comme Star Alliance ou One World en l’espace de 5 ans;

– Créer une compagnie Tunisair spécialisée dans la formation et les services en direction des compagnies aériennes africaines à l’instar de Steg International;

– Vente des terrains de Tunisair dans les zones d’El Manar, la Charguia et l’Avenue Mohamed V.

Ceci pour les mesures qui devraient être prises par la compagnie. Quant à l’Etat, il doit renflouer la compagnie d’un montant de l’ordre de un milliard de dinars pour financer l’acquisition de 4 nouveaux transporteurs, des Airbus A330 et un A320. L’Etat doit également accorder à la compagnie le statut d’une société 100% offshore en l’exonérant des impôts.

D’autres propositions ont été mises sur la table pour assurer le sauvetage de Tunisair dont la plus importante est la récupération des parts confisquées dans la compagnie Nouvelair pour renforcer Tunisair qui pourrait axer son activité sur les vols régulier et exploiter Nouvelair pour les vols charters.