«Nous ne parlons pas d’un conflit personnel avec la PDG, mais d’un problème plus sérieux. Le conflit de pouvoir se produit et Mme Ghribi désire maintenir l’influence qu’elle exerce et refuse de s’impliquer dans la lutte contre la corruption. Il faut sauver la STB». C’est l’appel lancé par Abdelkarim Ben Younés, président du syndicat de base de la Société Tunisienne de Banque (STB), lors d’une conférence de presse tenue aujourd’hui mardi 25 décembre 2012 au siège de ladite banque.
Le syndicaliste affirme que Samira Ghribi, PDG de la STB, essaie en fait de manipuler l’opinion publique en accusant les membres du syndicat de vouloir hériter la banque en revendiquant le recrutement de leurs enfants, et ce pour camoufler son refus de poursuivre les responsables corrompus qui exercent jusque-là leurs fonctions comme si de rien n’était. «Pire encore, certains d’entre eux ont été nommés récemment à la tête de certaines filiales de la banque. Pourquoi ces nominations alors?», s’interroge le syndicaliste.
A propos du recrutement des enfants du personnel de la banque, M. Ben Younés a précisé que Mme Ghribi n’était pas contre ce principe dès son arrivée à la tête de la banque et les PV signés par elle-même en constituent une preuve. «Je défie quiconque de prouver qu’un membre du bureau syndical de la banque a formulé une demande pour le recrutement de son fils», clame notre interlocuteur. Et d’ajouter que «si Mme Samira nous accuse de vouloir hériter la banque au profit de nos enfants, pourrait-elle nous expliquer comment son fils a intégré la Banque centrale de Tunisie (BCT) en février 2012?»
En ce qui concerne l’absence d’orientations stratégiques et également de l’entêtement de diriger la banque de manière répressive sans tenir compte des principes de la bonne gouvernance, le syndicat de base a affirmé que la stratégie dont la PDG prétend avoir élaborée n’est que celle annoncée en octobre 2009 par l’ancien PDG de la STB, Amor Najai. «Dans un article publié dans le journal La presse de Tunisie, Mme Samira a rappelé les quatre axes de sa stratégie qui n’est en fait qu’un copier/coller de la stratégie mise en place par Amor Najai», ajoute M. Ben Younés.
Une loi contre les lois comptables ?
Certains syndicalistes présents lors de la conférence de presse sont revenus sur la loi autorisant la mise en jeu de la garantie de l’Etat au profit de la STB au titre des emprunts extérieurs pour un montant de 117 millions de dinars. Ce montant a été individualisé sous la rubrique «Capitaux propres» sous un poste dénommé «Dotation de l’Etat non remboursable» jusqu’à rétablissement de l’équilibre financier de la banque. Ca veut dire que ce montant est en réalité remboursable quand la situation de la banque sera stabilisée.
«Le traitement cohérent et juste qui se conforme à la législation comptable est d’inscrire le montant des 117 millions de dinars au niveau du Passif et non pas des capitaux propres», a affirmé un syndicaliste qui va plus loin en indiquant qu’à cet égard certains ratios (ratios de solvabilités) publiés par la direction générale sont erronés du fait que le total des capitaux propres a été gonflé de 117 millions de dinars.