Pour le chef du gouvernement provisoire, Hamadi Jebali, la solution radicale à l’émigration clandestine est la consécration d’un processus de développement solidaire fondé sur l’incitation à l’investissement et la promotion des jeunes à travers les structures de formation professionnelle dans les zones d’où sont issus les émigrés clandestins.
“L’éradication de l’émigration clandestine n’est possible qu’à travers un appui au flux migratoire organisé dont l’Europe a besoin aujourd’hui malgré les difficultés économiques qu’elle connaît”, a estimé M. Jebali à l’ouverture d’une conférence organisée à Tunis, mercredi 26 décembre, par le secrétariat d’Etat aux Migrations et aux Tunisiens à l’étranger, sur le thème “la politique migratoire de la Tunisie: Enjeux et perspectives”.
Le gouvernement ambitionne l’élaboration d’une politique migratoire nationale qui propose une vision globale et stratégique à ce dossier important et qui oeuvre en vue de mettre en place un cadre politique et institutionnel cohérent pour la gestion des différents aspects en rapport avec la question migratoire, a-t-il encore relevé. “Nous sommes déterminés à renforcer les liens avec la communauté tunisienne à l’étranger et à ouvrir de nouveaux horizons devant les jeunes générations afin de leur garantir le succès dans les pays d’accueil et raffermir leurs liens avec la patrie aux plans culturel et civiliationnel”, a encore soutenu M. Jebali.
Le chef du gouvernement a aussi fait part de la volonté de l’Etat à impulser les relations solidaires avec la communauté tunisienne à l’étranger qui connaît des conditions de vie difficiles et avec les membres de leurs familles restés en Tunisie. “Les efforts déployés par l’Etat dans ce domaine doivent être confortés par les associations tunisiennes à l’étranger et les composantes de la société civile” a encore dit M. Jebali, appelant à renforcer le réseautage associatif et à sensibiliser les élites tunisiennes à l’étranger à l’importance de leur apport pour la Tunisie aux plans scientifique, culturel et économique.
De son côté, le secrétaire d’Etat aux Migrations et aux Tunisiens à l’étranger, Houssine Jaziri, a indiqué que les récentes statistiques du ministère des Affaires étrangères estiment, en 2010, le nombre des Tunisiens résidant à l’étranger à 1,2 million de personnes contre 600.000 personnes seulement en l’an 2000, soit une augmentation de prés de 5,2%.
La création d’un observatoire national de l’émigration, en tant qu’institution de statistique, d’analyse et de recherche sur la question migratoire et ses répercussions présentes et futures, constitue une réponse idoine à la demande exprimée par les chercheurs et les décideurs et vient s’inscrire dans le cadre d’un dispositif de prise en charge de la communauté tunisienne à l’étranger, a expliqué le secrétaire d’Etat.
La création d’une agence tunisienne de l’émigration et du développement vise la polarisation des compétences tunisiennes à l’étranger et la dynamisation de leur participation au processus de développement global, a encore dit M. Jaziri.
Apres avoir affirmé que la politique générale de la Tunisie en matière d’émigration doit être une politique de souveraineté pluridimensionnelle fondée sur le respect des droits humains, M. Jaziri a souligné la contribution fructueuse des tunisiens résidant à l’étranger en matière de développement économique, culturel et social.
Il a aussi mis l’accent sur l’importance de consolider ce processus à travers l’adoption de politiques et de priorités permettant de tirer profit de leurs compétences et des investissements dans les domaines économiques générateurs de postes d’emploi.
Sur un autre plan, le secrétaire général de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), Houssine Abassi, a appelé le gouvernement, les organisations professionnelles et les composantes de la société civile à une révision globale de la politique d’émigration et l’accélération de l’adoption d’une politique de développement permettant de créer un nombre additionnel de postes d’emploi pour résorber le plus grand nombre de demandeurs d’emploi particulièrement parmi les diplômés de l’enseignement supérieur.
Il a aussi appelé à une évaluation et une révision des accords conclus avec les pays européens à la lumière des défis auxquels fait face la communauté tunisienne à l’étranger.
M. Abassi a aussi affirmé la nécessité d’élargir la base du dialogue nationale et de veiller à la participation de l’ensemble des parties concernées par le dossier migratoire tout en veillant à mettre en place les structures adéquates dont le conseil supérieur de l’émigration.
Le secrétaire général de l’UGTT a aussi considéré que l’élaboration d’une politique innovante qui tend vers l’avenir en matière d’émigration doit se fonder sur la réalisation d’un certain nombre d’objectifs dont le renforcement de la protection des travailleurs tunisiens à l’étranger. Il s’agit aussi de veiller à assurer le bien-être économique et social des travailleurs à travers une meilleure maîtrise du marché de l’emploi et un contrôle de la main d’oeuvre qui arrive sur le marché tunisien.
WMC/TAP