Le patron de Tata passe la main 20 ans après avoir réveillé un “dinosaure”

photo_1356679491868-1-1.jpg
à Bombay (Photo : Indranil Mukherjee)

[28/12/2012 07:32:38] BOMBAY (AFP) Ratan Tata passe la main ce vendredi, jour de son 75e anniversaire, vingt ans après avoir fait du groupe Tata, alors considéré comme un “dinosaure endormi”, un colosse capable de s’offrir des proies aussi imposantes que le constructeur Jaguar ou le sidérurgiste Corus.

“Père” de la Nano, présentée comme la voiture la moins chère du monde, Ratan Tata sera remplacé par Cyrus P. Mistry, 44 ans, à la tête du premier conglomérat indien au chiffre d’affaires combiné de 100 milliards de dollars US (75,5 milliards d’euros) sur l’exercice 2011/2012.

“Le groupe Tata a été le fer de lance de l’intégration indienne dans l’économie mondiale”, titrait vendredi le quotidien The Hindustan Times.

Ratan Tata, descendant d’une dynastie industrielle vieille de 140 ans, a pris la tête de l’empire familial en 1991, à l’époque où l’Inde libéralise son économie en suivant, peu ou prou, le modèle soviétique. Il réveille alors ce que les analystes appellent un “dinosaure endormi”.

Formé dans les universités américaines de Cornell et Harvard, Ratan Tata a été un précurseur en faisant adopter à ses entreprises les pratiques internationales, a souligné le Hindustan Times.

“Ce qu’il a fait sert aujourd’hui de tremplin pour toute une nouvelle génération de dirigeants d’entreprises indiens à l’international”, selon le journal.

Le groupe a de fait bâti sa renommée en étant l’une des premières entreprises indiennes à acheter à l’étranger.

Son premier coup d’éclat remonte à 2000 lorqu’il enlève le fabricant de thé britannique Tetley Tea. A l’époque, la presse indienne y voit la “contre-attaque de l’Empire britannique des Indes” sur le Royaume-Uni, l’ex-puissance coloniale.

photo_1356679815361-1-1.jpg
à Genève (Photo : Fabrice Coffrini)

Tata dépense des dizaines de milliards de dollars pour rafler des sociétés aux quatre coins de la planète, du fabricant de café américain Eight O’clock Coffee à l’aciériste anglo-néerlandais Corus en 2007 pour 13,7 milliards de dollars, puis en 2008, les marques haut de gamme Jaguar et Land Rover rachetées au constructeur automobile américain Ford.

Du thé à la construction de camions en passant par la chimie, les télécoms, l’informatique et les services financiers, l’empire Tata compte aujourd’hui une centaine de filiales et réalise près de 60% de son chiffre d’affaires à l’étranger, principalement aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne.

La nomination de Cyrus Mistry, annoncée dès novembre 2011, permet au groupe de garder la présidence non loin du giron familial: la soeur de Mistry est mariée au demi-frère de Ratan, Noël, un temps pressenti pour lui succéder.

Comme Ratan Tata, M. Mistry, devenu l’un des dirigeants de la holding Tata Sons à la tête du conglomérat en 2006, est un parsi, une minorité religieuse adepte d’une confession dérivée du zoroastrisme.

Cyrus Mistry est aussi le fils du magnat Pallonji Mistry, de nationalité irlandaise, et plus gros actionnaire de la holding Tata Sons.

“Tata a dirigé le groupe avec vision, énergie, ténacité et compétence”, estime Pradip Shah, président-fondateur de la société IndAsia Fund Advisors, un proche de la galaxie Tata.

Le défi de son successeur Cyrus Mistry, souligne-t-il, sera de poursuivre le développement du groupe, de gérer ses 23.000 employés et de lui faire traverser la crise mondiale qui affecte actuellement ses activités dans l’acier, l’énergie, les télécoms, l’hôtellerie et la finance.

Aucun événement officiel n’est prévu pour la passation de pouvoirs.

Ratan Tata, discret et fuyant les mondanités, est célibataire et sans enfants.