érienne prise le 11 avril 2011 à Fort-de-France en Martinique du terminal portuaire de la pointe des Grives (Photo : Patrice Coppee) |
[29/12/2012 18:26:21] FORT-DE-FRANCE (AFP) A la veille du réveillon, l’économie de la Martinique était menacée de paralysie par un conflit des marins-pêcheurs qui bloquent depuis le 18 décembre l’accès au terminal portuaire de la pointe des Grives à Fort-de-France après une interdiction de pêcher en raison d’une pollution due à un pesticide.
Un porte-conteneur réfrigéré de la compagnie CMA-CGM a pu décharger vendredi sa cargaison de produits frais, a indiqué Alex Alivon, secrétaire général du syndicat de la grande distribution et des grossistes alimentaires de Martinique. Mais “la marchandise périssable est stockée sur le port d’où elle ne peut sortir” en raison du blocage, a-t-il ajouté.
Dans certaines grandes surfaces, le rayon des produits frais commence à se vider. Au rayon yaourts d’un hypermarché de Fort-de-France, les clients pouvaient lire: “Suite au blocage du port par les marins pêcheurs, nous ne sommes pas en mesure de vous proposer momentanément une partie de notre gamme permanente et promotionnelle de produits frais”.
Certains restaurateurs tentent de trouver des solutions alternatives en faisant venir leurs produits frais par avion.
A “la veille d’une année 2013 qui s’annonce particulièrement dure pour les entreprises et la population martiniquaises, continuer à imposer des pertes à nos activités relève du suicide économique et social”, écrivait vendredi le Medef-Martinique dans un communiqué.
“Après plus d’une semaine de blocage du port de Fort-de-France et donc de l’économie de la Martinique, aucune sortie de conflit n’a été validée”, déplorait l’organisation patronale, même si “les différentes rencontres entre les parties ont permis plusieurs avancées”.
Répondant à un appel de leurs deux syndicats regroupés en intersyndicale, ces professionnels de la mer sont mobilisés depuis le 18 décembre pour attirer l’attention des pouvoirs publics sur “les graves difficultés” de leur filière.
Catalyseur de leur exaspération, les nouvelles mesures d’interdiction de pêcher prises par le préfet de Région le 30 novembre. Elles font suite à des études scientifiques sur la présence de chlordécone, un pesticide considéré comme non biodégradable, dans les langoustes pêchées sur une partie du littoral atlantique.
En préambule de sa plateforme de revendications en 15 points, l’intersyndicale affirme que ce sont “plus de 40% de la bande côtière de l’île qui ne peuvent plus être exploités par les professionnels”.
Elle considère en outre que face “aux graves difficultés de la filière pêche”, “tous les dispositifs insuffisants mis en place par l’Etat (..) n’ont apporté aucune solution pérenne”.
Jeudi soir à l’issue de 5 heures de négociations avec le préfet, 13 des 15 points de revendications ont fait l’objet d’un accord.
Ils concernent entre autres l’élaboration d’un “plan départemental d’actions sociales d’urgence suite aux impacts de la pollution à la chlordécone” et d’un “plan régional de développement durable de la pêche” qui prévoit notamment une “restructuration de la flotte”.
En revanche, deux autres points, jugés “non négociables” par l’intersyndicale, sont restés en suspens. Il s’agit de l’octroi par l’Etat d’une “aide d’urgence de 5 millions d’euros” et de “l’exonération du paiement des cotisations et des dettes sociales” des pêcheurs.
Ces deux points font l’objet d’échanges avec les ministères, indique-t-on auprès de la préfecture. L’intersyndicale attend des réponses lors de la prochaine réunion du groupe de travail. La date et l’heure de cette réunion seront fixées lorsque tous les éléments de réponses, positifs ou pas, auront été transmis au représentant de l’Etat, a-t-on précisé.