[31/12/2012 14:56:02] PARIS (AFP) Galvanisés par l’action des banques centrales, les marchés financiers ont commencé en 2012 à tourner la page de la crise de la dette, abordant l’année 2013 avec sérénité, en dépit des inquiétudes à propos des Etats-Unis, tout en restant vigilants faute de croissance en zone euro.
“En 2012, il y aura eu clairement un avant et un après Draghi”, note Jean-Louis Mourier, économiste pour le courtier Aurel BGC.
De fortes tensions sont apparues au printemps sur les marchés, affolés par la dégradation de la situation économique en Espagne.
Mais les propos du président de la Banque centrale européenne (BCE), Mario Draghi, prêt “à tout pour sauver l’euro” ont évité un été meurtrier à l’image de 2011. En septembre, la BCE a enfoncé le clou, annonçant un programme illimité de rachat de dette pour les pays qui auront fait appel aux fonds de secours européens.
Ce programme n’a jamais été activé, faute de demande notamment de la part du gouvernement espagnol.
“Peu importe. La BCE est désormais un pare-feu ultra efficace. La crise des finances publiques n’est pas terminée –les Etats mettront des années à revenir dans les clous budgétaires– mais le risque qu’elle faisait peser sur les marchés a quasiment disparu”, résume M. Mourier.
Le scénario catastrophe d’une sortie de la Grèce de la zone euro s’est également dissipé.
Les avancées sur la supervision bancaire, les réformes structurelles en Espagne et en Italie ont enfin redonné de la confiance.
Résultat, les grandes places financières européennes terminent l’année en fanfare. Au 31 décembre, Paris affichait un gain de 15,23% depuis le 1er janvier, Londres de 5,84% et Francfort de 29,06%.
Wall Street a nettement progressé (+5,90% pour le Dow Jones au 28 décembre) tout comme les Bourses des pays émergents avec un indice MSCI Emerging Markets, baromètre de leur performance boursière, qui gagne quelque 15%.
Très surveillé depuis l’émergence de la crise de la dette, le marché obligataire secondaire, où s’échangent les titres déjà émis par les Etats, a recouvré son calme même si les taux espagnols et italiens restent à des niveaux élevés.
Pourtant, les investisseurs abordent le début d’année avec davantage de prudence.
Aucun compromis n’a été trouvé entre Démocrates et Républicains sur le budget américain. Le risque d’un +mur budgétaire+, une forte hausse des impôts et une baisse des dépenses publiques dans le pays, plane toujours sur le début de l’année.
“Les entreprises américaines bloquent leurs investissements depuis trois trimestres. Il faut faire repartir la machine”, s’inquiète Mirela Agache-Durand, responsable de la gestion diversifiée chez Oddo Securities.
En Europe, plusieurs inconnues demeurent. “Quid d’une demande de sauvetage de l’Espagne, d’une nouvelle restructuration de la dette grecque, des réformes en France ? Les élections en Allemagne et en Italie vont mettre aussi un peu de pression sur les marchés”, estime ainsi Olivier Raingeard, chef économiste pour la banque Neuflize OBC.
Mais le frein le plus important à une embellie durable reste la croissance, au point mort dans la zone euro.
“Les dirigeants vont devoir s’entendre pour desserrer les contraintes budgétaires qui pèsent sur les Etats afin de redonner un peu d’air aux économies”, souligne M. Raingeard.
Une décision inévitable, selon lui, lorsque l’on s’apercevra que Paris ne pourra pas respecter son objectif de déficit public de 3% du PIB en 2013.
Avec une telle bouffée d’oxygène, les marchés pourraient engranger des gains non négligeables l’année prochaine. D’autant que, contrairement à l’Europe, la reprise semble être au rendez-vous aux Etats-Unis et chez les grands émergents.
Outre-Atlantique, l’économie devrait “bénéficier de la reprise de l’immobilier” et de “la forte diminution des prix de l’énergie”, estime Mme Agache-Durand.
En Chine, “les perspectives sont encourageantes. Les dépenses de construction et les investissements s’accélèrent”, notent de leur côté les analystes de Pictet.