Quelques chiffres glanés par-ci par-là de la loi des finances interpellent franchement les consciences et donnent à lire ce que certaines pratiques politiciennes ont tendance à cacher…
Il a fallu des années et des années pour que le gouvernement de Ben Ali arrive enfin à consacrer environ 1% du budget de la nation pour la culture. Ce n’est pas que le ministère de la culture brillait par ses œuvres notoires ou qu’il est exempt de la gabegie qui sévissait aux plus hauts sommets de l‘Etat de Ben Ali. Mais c’était la symbolique à retenir dans toute l’histoire politique de la Tunisie.
Nous avons été nombreux à nous dire que de toutes les façons, c’est un pas de gagner sur un long chemin qui amènerait le pays à bien intégrer la dimension culturelle dans son modèle de développement. Il manquait sous Ben Ali la liberté sans laquelle pas de culture à part celle de la propagande.
Quant au gouvernement de Hamadi Jebali, il annonce aujourd’hui la réduction du budget de la culture qui ne dépassera pas 0,38% du budget national. Soit. C’est une conjoncture, diront certains, et le pays ne peut pas, pendant cette conjoncture, se permettre le luxe de dépenser autant d’argent pour la culture. Soit! On peut même l’accepter même si l’argument est discutable en soi !
Cependant, le choix ne s’arrête pas là, il continue en si bon chemin, car voilà que nous apprenons que le ministère des Affaires religieuses a vu son budget augmenter de plus de 17% entre 2012 et 2013! Pardi! Non, car en plus, ce budget là enregistre la plus grosse hausse du budget, tous ministères confondus. Au diable donc la conjoncture, pour ce département ministériel!
Bien sûr, on nous rétorquera que ce secteur était abandonné et que les imams que nous voulons nouveaux doivent avoir un salaire décent et que ses dépenses sont enfin de compte de l’essence même de la culture nationale qui a été marginalisée comme l’ont été les régions de l’Ouest par exemple ! Or, nous apprenons en même temps que le budget de la recherche scientifique a été réduit bien que le ministère de tutelle soit tenu par un scientifique qui connaît «normalement» bien l’importance de ce budget…
Bref, ne peut-on pas dire maintenant que les choix sont faits?! Le gouvernement de la Troïka à dominante Nahdhaoui impose ainsi ce que ce parti a choisi pour la Tunisie. L’ennui pour ses deux partenaires “démocratiques“ (CPR et Ettakatol), c’est d’entériner ces choix sans un mot! L’histoire retiendra!