Afghanistan : un “pissenlit” géant pour déminer le sol mis au point aux Pays-Bas

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ère pour déminer le sol en Afghanistan (Photo : Jan Hennop)

[03/01/2013 09:52:07] EINDHOVEN (Pays-Bas) (AFP) Inspiré par les jouets de son enfance flottant au vent, un Néerlandais d’origine afghane a mis au point une invention qui pourrait selon lui sauver des milliers de vies en Afghanistan : une drôle de sphère anti-mines mue par le vent et ressemblant à un pissenlit géant.

Le principe du dispositif est simple : 150 bâtons de bambou sont vissés à une sphère centrale en métal. A l’extrémité de chacun de ces bâtons de bambou, un disque de plastique de la taille d’un frisbee a été fixé via un joint de transmission en caoutchouc.

Une fois monté, le dispositif, une boule de deux mètres de diamètre environ, ressemble donc à un immense pissenlit recouvert d’aigrettes, ces petites touffes de poils blancs auxquels sont attachées les graines.

Son nom : le “mine kafon”, tiré de l’abréviation de “kafondan”, signifiant “quelque chose qui explose” en dari, la langue maternelle de l’inventeur, Massoud Hassani.

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é à déminer le sol en Afghanistan (Photo : Jan Hennop)

Mue par le vent, l’invention fait exploser les mines au fur et à mesure qu’elle roule sur un champ de mines. A l’intérieur de la petite sphère centrale en métal, un GPS enregistre le chemin et les endroits où des mines ont explosé et montre sur une carte quels lieux sont désormais sûrs. Les bâtons étant en bambou, ils sont faciles à remplacer après une explosion.

“L’idée vient des jouets de notre enfance (qui se déplaçaient grâce au vent, ndlr), avec lesquels nous jouions dans les faubourgs de Kaboul”, explique Massoud, 29 ans, tout en travaillant à son invention dans un atelier de la ville d’Eindhoven, au sud des Pays-Bas.

C’est en 2010, alors que Massoud étudie à la célèbre Académie du Design d’Eindhoven, que l’idée germe, suite à un travail demandé aux étudiants, ajoute-t-il : “je devais faire les plans d’un jouet de mon enfance”.

“Ce sera notre revanche”

“Je suis retourné en rêve dans mon enfance. J’ai vu les jouets que nous fabriquions et comment ils roulaient sur les champs de mines : nous ne pouvions plus les récupérer”, souligne Massoud, qui s’est échappé de Kaboul, sous l’emprise des talibans, en 1998, et vit désormais aux Pays-Bas.

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écembre 2012 (Photo : Jan Hennop)

Des décennies de guerre, notamment l’invasion soviétique entre 1979 et 1989, ont en effet laissé le sol afghan criblé de mines anti-personnelles qui tuent encore aujourd’hui, principalement des enfants.

Depuis 1989, 650.000 mines anti-personnelles, 27.000 mines anti-tanks et plus de 15 millions d’autres types d’engins explosifs ont été collectés, selon le Centre de coordination de l’action contre les mines en Afghanistan (MACCA), financé par l’ONU.

Et pourtant, en juin, le pays comptait toujours 5.233 “zones à risques” couvrant au total 588 kilomètres carrés et mettant en danger 750.000 personnes, selon l’ONU. Au moins 812 personnes, pour la moitié des enfants, ont en outre été tuées ou blessées en 2011 par des engins explosifs, mines ou autres, restes des guerres afghanes, selon l’ONG Handicap International.

“Des gens sont tués presque quotidiennement dans mon pays”, soutient Massoud, les yeux trahissant la profonde douleur de certains souvenirs d’enfance.

“Tragiquement, ce sont souvent des enfants”, ajoute-t-il, évoquant la mort de 10 fillettes tuées le 17 décembre par l’explosion d’une mine antipersonnelle alors qu’elles ramassaient du bois dans l’est de l’Afghanistan.

Le “mine kafon” n’est encore qu’un prototype, souligne Massoud, et d’autres tests doivent encore être réalisés. L’engin ne sera d’ailleurs déployé que lorsqu’il sera 100% fiable et qu’il aura été démontré qu’il ne rate aucune mine.

Mais les premiers tests, qui utilisent notamment des explosifs de l’armée néerlandaise, sont plus qu’encourageants.

“Nous apprécions absolument tous les efforts qui sont réalisés” dans la lutte contre les mines, assure à l’AFP Mary Wareham, de la section “armes” de l’ONG Human Rights Watch, soutenant toutefois qu'”il n’y a pas de solution miracle pour résoudre tous les problèmes liés au déminage”.

Massoud, aidé par son frère Mahmud, de deux ans son cadet, cherchent actuellement à réunir des fonds, notamment via une plateforme en ligne, pour continuer le développement de l’engin.

Ils espèrent réunir 123.000 euros d’ici au 17 janvier et espèrent pouvoir réaliser des tests dès août en Afghanistan, pour leur premier retour au pays depuis qu’ils l’ont quitté, en 1998 donc pour Massoud et en 2000 pour Mahmud.

“Chaque mine que nous détruisons pourrait potentiellement sauver une vie”, affirme Massoud: “ce sera notre revanche sur la guerre qui a déchiré notre pays”.