Le gouverneur de la BCT a confirmé que la Tunisie est sortie de la récession, ce qu’il qualifie de fait économique le plus marquant de l’année qui s’achève, après avoir atteint les abysses à -2 % en 2011, un niveau de croissance négative jamais atteint jusque là dans l’histoire du pays.
«Au moment de ma prise de fonctions, a-t-il confié au magazine Leaders (le numéro de janvier est en kiosque), «je ne pensais pas qu’on pourrait sortir de la récession, encore moins finir l’année sur une aussi bonne performance, aux alentours de 3%».
Chedly Ayari dit avoir envisagé tout au plus un bon premier trimestre 2012 suivi d’une probable rechute, avec même un risque de double deep (déficit doublé de récession). «Pour une bonne nouvelle, c’en fut une. D’autant que le plus important n’était pas de réaliser une croissance positive mais de faire en sorte que le processus de remontée soit irréversible», avec le maintien sous contrôle des déficits et le retour de la croissance. Il fait état, à ce propos, de plusieurs indicateurs en nette amélioration, s’agissant notamment la création de quelque 70.000 emplois et donc la diminution du chômage, mais aussi la réalisation d’une «année correcte» dans le tourisme.
Au registre des contre-performances, il a déploré la situation de plusieurs fleurons de l’industrie touchés de plein fouet par la crise de zone euro (textile, industries manufacturières) et les grandes difficultés du secteur des phosphates, lourdement pénalisé par les mouvements sociaux à répétition dans les zones de production.
Chedly Ayari a, d’autre part, plaidé la nécessaire réunion des conditions de sécurité et la lutte contre l’impunité, facteurs qui, dit-il, importent beaucoup plus pour les investisseurs que les questions de taux directeur ou autres mesures incitatives. Il a également déploré «l’attentisme du secteur privé tunisien», auquel, a-t-il relativisé, on «ne peut et devrait pas demander d’assumer le risque sécuritaire et politique en plus du risque économique». Ce dont les investisseurs ont le plus besoin, c’est de visibilité de l’horizon et de protection de leurs biens.
Pour le gouverneur de la Banque centrale, le vrai salut, y compris en termes de création d’emplois, réside dans le partenariat public-privé (PPP), et dans la définition claire des règles du jeu, de concert entre le pouvoir et l’opposition.
Le Pr Chedly Ayari déplore en outre que le gouvernement en soit réduit à naviguer à vue, à défaut de plan de développement, et ce pour la première fois depuis 1960.