[08/01/2013 13:57:35] PARIS (AFP) Les ventes de cigarettes en France ont baissé de près de 5% en volume en 2012, leur plus fort repli en 10 ans, directement lié selon les professionnels aux dernières hausses de prix du tabac.
Ce recul des ventes ne signifie pas nécessairement une baisse équivalente de la consommation en raison des marchés parallèles qui représentent au moins une cigarette sur cinq.
D’après des données préliminaires dévoilées par les Echos et confirmées par les buralistes, les ventes de cigarettes ont baissé de 4,9% en 2012, soit 51,45 milliards de cigarettes vendues contre 54,11 milliards (2,7 milliards de paquets) en 2011.
“Depuis le premier semestre 2012, on constatait un fléchissement des ventes qui s’est accéléré à partir du 1er octobre 2012 parce qu’il y a eu une augmentation de pratiquement 7% du prix du tabac”, explique Pascal Montredon, président de la Confédération des buralistes.
Après une hausse d’environ 30 centimes en octobre 2011, les paquets de cigarettes ont augmenté de 40 centimes et ceux du tabac à rouler de 60 centimes en octobre 2012, le paquet de cigarettes le moins cher coûtant désormais 6,10 euros.
Ces augmentations ont permis au marché de progresser en valeur, mais légèrement: selon la confédération des buralistes, le produit des ventes de cigarettes a augmenté de 0,4% en 2012.
Pour l’Etat, qui perçoit sous forme de taxe et de TVA 82% du prix d’un paquet de cigarettes, cela signifie une hausse de 1,9% des recettes fiscales, à 13,9 milliards d’euros, soit 260 millions d’euros de plus qu’en 2011 au lieu des 600 millions d’euros prévus par le précédent gouvernement au budget 2012, souligne le blog Lemondedutabac.com..
Reste que pour le professeur Yves Martinet, président du Comité national contre le tabagisme, “tout ce qui concourt à la baisse de la consommation de tabac est une bonne nouvelle”.
Alors qu’environ 73.000 personnes meurent du tabac chaque année, “les hausses de prix, qui sont de plus en plus rapprochées, semblent commencer à avoir un effet sur la consommation”, estime M. Martinet, se réjouissant que “Bercy intègre désormais un objectif de santé publique dans la fiscalité des produits du tabac”.
Fin 2012, la Cour des comptes a publié un rapport critique sur la politique de lutte contre le tabagisme dans lequel elle recommandait notamment de plus fortes hausses sur les prix du tabac.
Un nouveau relèvement des taxes est prévu le 1er juillet, devant conduire à une augmentation de 30 à 40 centimes par paquet.
“Si le marché baisse, c’est aussi parce que les gens arrêtent de fumer ou fument moins et la baisse de la consommation est une conséquence de la hausse des prix”, indique un fabricant.
Pour “être efficace” dans la lutte contre le tabac, une hausse des prix ne doit pas être trop forte, sinon elle “vient modifier radicalement le comportement du consommateur, comme cela avait été le cas en 2003 et 2004”, estime cette source.
En 2003, les taxes sur les cigarettes avaient augmenté de 40%, entraînant une chute de plus de 30% du marché en volume mais faisant émerger un marché parallèle (achats transfrontaliers, sur internet…) qui représente aujourd’hui 20% des cigarettes fumées en France.
Pour les buralistes, les hausses de prix profitent davantage à ce marché parallèle qu’à la consommation: “Nos clients ne nous disent pas qu’ils vont arrêter de fumer, ils trouvent d’autres alternatives. 5% de baisse de vente dans les réseaux officiels ne se concrétise pas par 5% de fumeurs en moins”, selon M. Montredon.
La confédération lancera lundi une pétition de soutien aux buralistes dans toute la France, avant d’aller manifester à Bruxelles pour protester contre la nouvelle directive tabac, qui prévoit notamment de couvrir les trois quarts des paquets de cigarettes de photos choc.