île italienne de Giglio (Photo : Filippo Monteforte) |
[08/01/2013 20:51:56] PARIS (AFP) Le marché mondial de la croisière poursuit son expansion mais les industriels ont connu en 2012 une année trouble en Europe, à cause du naufrage du Costa Concordia et surtout de la crise, qui rend la clientèle économe et pèse sur les marges.
Bien que les chiffres n’aient pas encore été publiés, les armateurs estiment que la fréquentation des croisières dans le monde a encore progressé en 2012, après avoir doublé depuis 2001 pour atteindre 20,6 millions de passagers en 2011, dont 11,5 millions de Nord-Américains et 6,2 millions d’Européens.
Une forte croissance était notamment escomptée en Europe du nord.
Le naufrage du Costa Concordia, le 13 janvier 2012 au large de l’Italie (32 morts), a fait baisser de 15% les réservations de séjours dans les deux mois après le drame, selon les deux leaders mondiaux Carnival (maison mère de Costa) et Royal Caribbean Cruises Ltd (RCCL).
“C’est normal. Depuis le Titanic, on n’avait jamais vu ça”, souligne Rémy Arca, PDG de Compagnie internationale de croisières, l’agent en France de grands opérateurs comme Cunard, Seabourn, P&O et NCL.
Mais globalement, les conséquences de l’accident ont été assez limitées, expliquent à l’unisson les grandes compagnies de croisières.
Chez Costa Croisières, “les réservations ont repris leur augmentation à la fin mars”, “la saison estivale s’est terminée sur une note satisfaisante”, et Noël et le Nouvel An sur les 14 navires Costa ont rempli les attentes.
“Notre redressement a été plus rapide que prévu”, note Costa. De fait, le Groupe Costa (qui comprend Costa Croisières, l’allemand Aida et l’espagnol Iberocruceros) dit attendre “un résultat financier positif pour l’exercice 2012, au-delà des prévisions faites dans le contexte du tragique évènement”.
En France, où le marché, resté longtemps en retard, est en plein boom depuis plusieurs années, le secteur visait les 500.000 croisiéristes en 2012, contre 441.000 en 2011. Costa indique y avoir progressé en 2012. Tout comme son concurrent MSC, qui, doté d’un nouveau bateau, a fait voyager 130.000 croisiéristes français en 2012 soit 30% de plus qu’en 2011.
Après le naufrage du Concordia, les industriels s’étaient fortement mobilisés pour rassurer sur la sécurité à bord des navires.
Sur l’air du “plus jamais ça”, ils ont diligenté un audit et pris en 2012 une dizaine de mesures pour renforcer les dispositifs.
L’enjeu était de taille, la Méditerranée restant la deuxième destination de croisières dans le monde après les Caraïbes.
Mais en raison de la crise, le bilan 2012 est loin d’être rose, même si le monde de la croisière s’en sort mieux que les tour-opérateurs: les compagnies ont dû faire bien plus de promotions que prévu pour attirer les clients, lesquels ont ensuite peu dépensé à bord.
“Les prix ont baissé toute l’année 2012. On a rempli les bateaux, mais rien de plus. Or c’est sur les dépenses à bord, au bar et pour les excursions que les compagnies gagnent leur argent”, souligne Rémy Arca. “Du coup, les bénéfices attendus ne seront pas au rendez-vous”.
Carnival a indiqué en décembre que ses marques européennes “continuent” de subir “l’impact d’un environnement économique détérioré”.
Il affecte entre autres la clientèle espagnole et italienne.
La fréquentation des croisiéristes dans les ports espagnols a chuté de plus de 5% sur les onze premiers mois de 2012.
Pour Richard Fain, le patron de RCCL, “le plus grand challenge” en 2013 reste la situation en Europe.
Son groupe a redoublé d’efforts en 2012 pour y remplir ses croisières, en faisant notamment venir des touristes d’Asie ou d’Amérique latine, en plus des Américains et autres Canadiens qui ont pu profiter des baisses de prix.
Mais au final, RCCL compte néanmoins baisser de 10% ses capacités en Europe en 2013… et les augmenter en Asie.