Je vais surprendre plus d’un et même aller dans le sens contraire de certains opérateurs. Pour nous, en tant qu’entreprise opérant dans le secteur IT, l’année 2012 a été excellente. Idem pour notre secteur, et cela à cause de la révolution et de l’instabilité. Car avec une faible croissance et un marché interne en berne, cela a provoqué, chez les entreprises préparées, un éveil et un sursaut d’innovation et de mise en place de stratégie de crise.
En fait, l’entreprise réagit comme un corps humain qui est attaqué par virus, en développant des anticorps.
La crise économique que vit la Tunisie et l’état d’instabilité nous a beaucoup servis en 2012, et ce sur plusieurs points.
Primo, il y a eu un développement à outrance de l’exportation des services vers l’Afrique. Plus le dinar tunisien se détériore et plus on devient compétitif, et plus nos revenus d’exportation augmentent. Notre stratégie sur les années 2012-2017 table sur une réduction du chiffre d’affaires réalisé sur le marché local, et sur une augmentation de la part de l’exportation. Quitte à se délocaliser dans un autre pays d’Afrique en cas de persistance de l’agitation politique, qui donne des maux de tête aux entreprises.
Secundo, la crise nous a poussés à développer l’innovation en créant de nouveaux services, et à développer de nouveaux produits. En somme, à utiliser à outrance les TIC, avec la mise en place d’un CRM, la modernisation de notre messagerie, l’adoption de la mobilité, du travail à domicile.
Il faut dire qu’aujourd’hui on a dépassé la crise, et nous multiplions les initiatives pour donner plus de compétitivité tout en misant sur le programme qualité. C’est l’instinct de survie, comme diraient les démographes.
Pour l’année 2013, il n’y aura pas de changements, à notre avis, vu que la classe politique demeure très amateur et se fait plaisir en prolongeant la récréation et l’étape provisoire. Seule la mise en place d’une Constitution moderne et des élections libres avec la mise en place d’un gouvernement durable pour une période minimale de 5 ans pourra changer la donne.
La Tunisie continuera à payer cash l’ignorance de sa classe politique et l’absence de stratégie économique durable. C’est le provisoire qui dure. Mais c’est aussi l’occasion pour plusieurs entreprises de s’enrichir et pour plusieurs secteurs de prospérer grâce ou à cause de la crise. Le secteur des services et celui des TIC en particulier vont profiter paradoxalement de cette instabilité économique et politique.