Le renom du Made in Germany écorné par le fiasco de l’aéroport berlinois

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Drapeau allemand devant le Reichstag (Photo : David Gannon)

[09/01/2013 15:35:38] BERLIN (AFP) L’Allemagne s’inquiète de voir son image d’efficacité écornée par les retards à répétition de l’aéroport de Berlin et les couacs autour d’autres grands projets également reportés aux calendes grecques.

“C’est mauvais pour notre bonne image”, déplore le porte-parole de la Fédération allemande de l’électrotechnique (VDE), Walter Börmann, interrogé par l’AFP, après l’annonce lundi du non respect pour la quatrième fois de la date d’inauguration de l’aéroport, prévue le 27 octobre 2013.

Pour les industriels allemands, fournisseurs de systèmes, qui comptent participer à de grands projets d’infrastructures dans les mégalopoles asiatiques, ces déboires ternissent le renom du Made in Germany, estime-t-il.

La chancelière Angela Merkel est “évidemment inquiète des nouvelles du chantier”, a indiqué le porte-parole du gouvernement allemand, Steffen Seibert, mercredi.

“Les problèmes sont très graves”, a reconnu le directeur technique de l’aéroport international Berlin-Brandebourg Willy-Brandt (BER), Horst Amann, dans un entretien à la radio. A tel point qu’il refuse désormais de se fixer avant six mois sur la date d’ouverture. “2014 est un bon nombre, mais je ne peux pas m’engager maintenant !”, a dit M. Amman, nommé en août 2012 après la départ forcé de son prédécesseur à la suite de pannes à répétition.

Cause principale du report: le système de détection d’incendie, a-t-il expliqué, n’excluant pas de devoir détruire des parties déjà construites pour résorber les problèmes.

Initialement, l’aéroport devait être mis en service à l’automne 2010, avec pour objectif de devenir la troisième place aéroportuaire du pays, derrière Francfort et Munich, et de donner à la capitale allemande le rayonnement économique international qui lui manque encore.

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ère Angela Merkel à Hanovre, le 3 décembre 2012 (Photo : Johannes Eisele)

Plus de vingt ans après la réunification, Berlin est toujours doté de deux aéroports, Tegel (ouest) et Schönefeld (est), vestiges de la division de la ville pendant la Guerre froide. A eux deux, ils totalisent 24 millions de voyageurs par an.

“Les Allemands ne savent-ils plus mener à bien de grands projets prestigieux ?”, s’est interrogée la télévision publique ZDF.

Et de souligner que, comme la Pologne, qui avait peiné à ouvrir à temps le stade de foot de Varsovie pour les Championnats d’Europe 2012, l’Allemagne avait un certain nombre de projets en souffrance: le chantier très contesté de la gare de Stuttgart (sud-ouest) et la Philharmonie de l’Elbe à Hambourg (nord), dont les coûts ont explosé.

“Pour ces projets, nous ne parvenons pas à établir un consensus au-delà des clivages politiques”, s’est emporté le directeur de la Fédération allemande de l’industrie du bâtiment, Michael Knipper.

L’urbaniste Karlheinz Rössler impute la faute au système de gouvernance. “Les hommes politiques se font construire des monuments. Mais la plupart du temps, ils ne sont plus en place quand les coûts du projet qu’ils ont lancé ont explosé”.

Pour l’instant, les retards de l’aéroport berlinois n’ont pas encore fait chuter de responsables politiques.

La pression sur le maire de Berlin, Klaus Wowereit, et sur le chef du gouvernement de l’Etat régional du Brandebourg –entourant la capitale allemande– Matthias Platzeck, se fait certes de plus en plus forte.

Les deux sociaux-démocrates vont devoir affronter, jeudi pour M. Wowereit, lundi prochain pour M. Platzeck, la question de confiance devant leur parlement régional respectif.

Mais n’ayant chacun aucun rival d’envergure, les deux dirigeants devraient rester en poste, afin de ne pas bouleverser les équilibres politiques à neuf mois des législatives allemandes. Les conservateurs, impliqués dans le dossier au niveau du gouvernement fédéral, sont tout aussi embarrassés par l’ampleur du fiasco.