Livret A : baisse en vue du taux à 1,5% dans le sillage de l’inflation

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édit (Photo : Joel Saget)

[10/01/2013 09:15:49] PARIS (AFP) Le chiffre de l’inflation pour décembre, publié jeudi, devrait induire une baisse sensible, début février, du taux du Livret A, de 2,25% à 1,50%, si la formule prévue par la loi est appliquée à la lettre, une décision qui appartient au gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer.

L’inflation a atteint 1,2% sur un an (hors tabac) en décembre. L’indicateur sert de base au calcul du taux prévu par la loi. Pour obtenir le taux théorique du Livret A, produit d’épargne très populaire, il faut le majorer d’un quart de point (0,25%) et arrondir au quart de point le plus proche, ce qui donne 1,5%.

La Banque de France a jusqu’au 15 janvier pour faire parvenir sa décision au Trésor. M. Noyer doit s’entretenir jeudi soir avec le ministre de l’Economie, Pierre Moscovici.

S’il décide d’appliquer la formule, le gouverneur est souverain et le calcul s’appliquera.

S’il choisit d’y déroger, en cas de “circonstances exceptionnelles” ou s’il estime que l’application de la formule “ne (permet) pas de préserver globalement le pouvoir d’achat des épargnants”, selon les textes, il soumet alors sa proposition au ministre, qui tranche.

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ée, le 9 janvier 2013 (Photo : Bertrand Langlois)

“Rien ne dit que la décision sur le Livret A sera prise aujourd’hui, ni même cette semaine”, a confié à l’AFP une source du ministère de l’Economie, ajoutant que “le gouverneur et le ministre vont certainement en parler” lors de leur rencontre.

L’évolution du taux du Livret A est un sujet éminemment politique, une baisse marquée étant susceptible de susciter la grogne des épargnants, dans un contexte économique déjà difficile.

Afflux record

Un repli marqué du taux interviendrait, toujours en cas d’application stricte de la formule, alors que le plafond du Livret A vient d’être relevé, en deux fois, de 50%.

Une première hausse au 1er octobre, couplée à un doublement du plafond du Livret de développement durable (LDD), a provoqué un afflux record de 21,3 milliards d’euros de collecte sur ces deux produits en octobre.

Sur les onze premiers mois de 2012, 43,9 milliards d’euros ont été ajoutés aux sommes déjà déposées sur les Livrets A et LDD. Depuis l’ouverture de la distribution du Livret A à l’ensemble des établissements, début 2009, près de 100 milliards de plus (94,1 mds) sont venus se loger sur ces deux produits.

Un mouvement défavorable pour les banques, qui ont vu leurs clients ponctionner leurs livrets fiscalisés et leurs comptes d’épargne pour alimenter Livret A et LDD, dont elles ne conservent que 35%, en moyenne, le reste étant centralisé à la Caisse des dépôts.

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Des billets de banque et le carnet du Livret A (Photo : Philippe Huguen)

Plusieurs économistes et banquiers ont fait valoir ces derniers mois que le taux de rémunération du Livret A et du LDD était en décalage avec le rendement des autres produits d’épargne, en particulier l’assurance-vie, ainsi qu’avec le niveau général des taux d’intérêt.

Situation paradoxale, le taux était ainsi devenu assez nettement supérieur à celui de l’obligation d’Etat française à 10 ans, qui est passé sous 2% début décembre.

Sa rémunération élevée serait favorable aux épargnants mais pénaliserait le logement social, premier bénéficiaire des fonds du Livret A et du LDD sous forme de prêts.

Lors de la dernière séquence de baisse marquée du taux du Livret A et du LDD, en 2009, les deux placements avaient subi des retraits lors de sept des huit derniers mois de l’année, avec une baisse totale des montants déposés de 10,5 milliards.

Le taux avait alors connu une dégringolade inédite, passant de 4% à 1,25%, le plus bas niveau de ses 194 années d’histoire, entre février et août 2009.