Une rue de Paris (Photo : Jacques Demarthon) |
[10/01/2013 10:34:08] PARIS (AFP) Les taux d’intérêt des crédits immobiliers, actuellement à des niveaux historiquement bas, ne devraient plus descendre davantage, selon les banques, qui ne les voient pas pour autant remonter à court terme.
Le taux moyen des prêts immobiliers a atteint 3,23% en décembre, selon l’Observatoire Crédit Logement/CSA, soit le plus bas niveau observé depuis 1945.
“Les banques sont plus que jamais demandeuses de nouveaux clients qui domicilient leurs revenus chez elles. Et ces clients sont malheureusement rares, marché au ralenti oblige. Elles se livrent donc une concurrence féroce”, constate Maël Bernier, directrice de la communication du courtier en ligne Empruntis.
En première ligne, plusieurs banquiers citent des établissements mutualistes, ainsi que la Banque Postale, en quête de parts de marché sur le crédit immobilier et seul acteur de la place à disposer de dépôts inemployés.
“Nous avons poursuivi la politique qui a été la nôtre depuis 2006, à savoir des taux parmi les plus bas du marché, sans pour autant marquer une agressivité particulière”, assure Philippe Saillard, directeur du crédit à la Banque Postale.
Malgré ce contexte de taux jamais vu, les banques conservent des marges, plus conséquentes que lors des derniers records de taux à la baisse, fin 2010.
Elles bénéficient de conditions de financement très favorables sur les marchés, reflétées par le niveau inédit de l’obligation d’Etat française à 10 ans, référence historique des taux des crédits immobiliers.
Cet avantage est partiellement compensé, néanmoins, par les conditions actuelles de rémunération de l’épargne, qui suivent celles du Livret A, dont le taux est élevé à 2,25%, même s’il baissera sans doute début février.
Des niveaux plancher
“Quand on arrive à ces niveaux-là, on est un peu à un plancher”, considère Laurent Collet, directeur marketing et distribution de la Caisse d’Epargne Ile-de-France.
“Je ne crois pas beaucoup à une baisse des taux”, poursuit-il.
“On voit les taux assez stables à ces niveaux-là et assez durablement”, renchérit Christophe Pinault, directeur général délégué développement commercial du Crédit Foncier.
“A une époque certains établissements rognaient sur leurs marges, c’est moins le cas aujourd’hui”, explique M. Saillard.
Des banquiers justifient également la préservation de ces marges par la perspective de l’entrée en vigueur du nouveau cadre réglementaire dit Bâle III, qui va renchérir le coût de financement des banques.
Si toutes les banques interrogées tablent sur une stabilisation des taux, elles s’accordent aussi sur le fait que ces niveaux très attractifs ne ranimeront pas, à eux seuls, le marché.
“Le marché redémarrera quand les prix auront baissé et quand les primo-accédants pourront de nouveau acheter”, estime Vincent Mouriaux, directeur financier de Crédit Agricole Ile-de-France.
Il cite également les investisseurs locatifs, visiblement pas convaincus par le nouveau dispositif Duflot, qui faute d’incitation fiscale suffisante ne reviendront eux aussi sur le marché qu’une fois que les prix auront baissé.
La production de nouveaux crédits est donc en berne et tous, ou presque, s’attendent à une nouvelle baisse sur l’ensemble de 2013, après un premier repli très marqué en 2012.
Seul le Crédit Foncier assure tirer son épingle du jeu, en grande partie grâce aux prêts réglementés, dont il est le grand spécialiste.
Malgré l’abaissement de ses plafonds de ressource, il salue notamment la nouvelle version du PTZ+ (prêt à taux zéro), qui ne fait pourtant pas l’unanimité. “On a vraiment le sentiment qu’il répond mieux aux attentes que ses prédécesseurs pour l’achat des biens neufs”, fait valoir M. Pinault.