élégramme sur un smartphone, le 3 novembre 2010 (Photo : Damien Meyer) |
[10/01/2013 13:32:39] PARIS (AFP) A peine le tournant du web achevé, les rédactions des journaux doivent s’attaquer au virage du mobile, à travers des contenus dédiés et des interfaces parfois onéreuses : un enjeu stratégique, la consultation d’internet sur smartphones étant en constante augmentation.
Signe de cette évolution du mode d’utilisation du web, au cours du troisième trimestre 2012, quelque 41% des Français âgés de 11 ans et plus se sont connectés à internet depuis leur téléphone mobile, selon Médiamétrie.
Un tournant également constaté par les médias.
“Cet été, on a eu pour la première fois plus d’articles lus en mobilité (55%) que sur le web”, déclare à l’AFP Isabelle André, PDG du Monde Interactif, qui confirme qu’il s’agit d’un “enjeu majeur”.
Selon elle, le mobile est le relais de croissance du Monde Interactif : il représente “8 à 10 % de la croissance de la publicité qui est tirée à 100% par le mobile, alors qu’elle est flat (stable, ndlr) sur le web”.
Pourtant, “à ce jour, on ne produit pas de contenu, on ne titre pas et on ne hiérarchise pas pour le mobile. En revanche, nous y réfléchissons fortement. Ca fait partir de nos enjeux 2013. On est en chantier”, ajoute-t-elle, expliquant que Le Monde s’est doté d’une “cellule nouveaux écrans”.
Comme dans la plupart des journaux, cette simple transposition du site web sur les smartphones est également appliquée au Figaro.
“Hormis les push, il n’y a pas d’éditing spécifique au mobile. Ca dépend de comment va évoluer l’audience là-dessus mais, à cette date, la promesse c’est: un contenu et plusieurs écrans. Je ne dis pas que ça ne changera pas, mais, pour l’instant, ce n’est pas la priorité”, explique Pascal Pouquet, directeur des nouveaux médias au Figaro.
Les push ou alertes, ces petites fenêtres qui apparaissent sur les écrans des smartphones en cas d’information majeure, sont au coeur de la bataille des rédactions qui se livrent également à une course à la rapidité sur le mobile.
Fragmentation
Selon Edouard Andrieu, en charge des “nouveaux écrans au Monde” et qui intervenait récemment à une table ronde sur “le futur des médias sur mobile”, ces push sont un vecteur important de traffic pour les applications du quotidien et permettent de “lisser” l’audience, en attirant des mobinautes tout au long de la journée. Car, selon les études, la consultation des médias sur mobile est plutôt concentrée le matin et le soir, durant le temps de transport.
à Paris (Photo : Fred Dufour) |
A l’Agence France-Presse, la rédaction “multimédia”, créée à la fin des années 1990, a été rebaptisée “web et mobile” en septembre 2011. Elle compte désormais une vingtaine de personnes en France et une cinquantaine dans le monde qui travaillent en six langues.
“On réalise des formats spécifiques pour les mobiles avec des photos carrées et des titres plus courts. On est en train de mettre au point un format de JT vidéo compatible avec l’écran du mobile. Mais ça pose des problèmes au niveau des sous-titres, notamment”, indique Florence Panoussian, la responsable de la “rédaction web et mobiles”.
“Avec le passage à Iris, le nouveau système rédactionnel de l’AFP, on va mettre en place une application mobile à partir de laquelles les journalistes de l’AFP pourront alimenter du live-report”, poursuit-elle.
La multiplication des modèles de smartphones (iPhone, Android, Windows phone…) est également un facteur de coût important pour les rédactions quand les applications peuvent aller de 15.000 à 100.000 euros en fonction de leur complexité et des supports.
“C’est dur pour des petites structures d’êtres présents sur le mobile à cause de cette fragmentation du marché. C’est un peu la prime aux gros qui vont avoir les moyens d’être présents sur tous les supports”, explique à l’AFP Yann Guégan, redacteur en chef adjoint de Rue89, en charge des innovations.