[10/01/2013 18:08:21] PARIS (AFP) L’envolée des cours des matières premières a continué de peser sur les prix à la consommation en 2012, celui du panier moyen mesuré par Familles Rurales composé de 35 produits de grande consommation ayant augmenté de 3,49% en près d’un an.
L’année qui vient de s’écouler est “la plus chère depuis la création de l’observatoire” en 2006, a insisté le président de l’association de consommateurs Thierry Damien en présentant son observatoire annuel jeudi.
Garni d’eau, de biscuits, de jus de fruits, de desserts, de confitures, de produits laitiers, de lessive ou encore de produits d’hygiène, le panier de Familles Rurales s’est acheté en moyenne à 137,07 euros en 2012, selon la synthèses de six relevés dans plusieurs dizaines de magasins.
Le “record historique” a été atteint au mois de novembre, avec un panier à 138,63 euros.
Après avoir déjà grimpé de 4,4% en 2011, le panier moyen a encore progressé de 3,49% entre janvier et novembre 2012, relève Familles rurales.
Cette tendance est corroborée par l’association de défense des consommateurs CLCV, qui note une hausse de 3,1% de son panel de 28 produits alimentaires de marque nationale, entre octobre 2011 et octobre 2012.
Sur 2012, les prix à la consommation ont grimpé de 1,2% (hors tabac), selon des chiffres publiés jeudi par l’Insee. Les prix de l’alimentation ont crû de 1,5% sur un an.
“Derrière cette inflation en rayon, il y a une tension au niveau des matières premières”, souligne Charles Pernin, chargé de mission alimentation pour la CLCV, qui estime que la hausse est continue depuis deux ans.
Cette analyse est contestée par le délégué général de la Fédération des entreprises du commerce et de la distribution (FCD), Jacques Creyssel. “L’échantillon des études Familles Rurales et CLCV n’est absolument pas représentatif, les analyses qu’elles proposent n’ont donc aucune valeur scientifique”, estime M. Creyssel.
Selon lui, on est au contraire “dans une phase de maîtrise extrêmement forte des prix”, du fait notamment de la concurrence entre les enseignes.
Selon une note de conjoncture du ministère de l’Agriculture parue début janvier, les cours du blé ont progressé de 48% en novembre 2012 par rapport à 2011. Pire, ceux de la pomme de terre ont plus que doublé (+116%).
Face à ce phénomène, M. Pernin préconise notamment d’agir au niveau du secteur agricole pour répondre à la demande croissante et d’influer sur la volatilité des prix.
Sur une dizaine d’années, “les hausses de prix agricoles ont été transmises de façon quasi mécanique aux consommateurs”, ajoute M. Pernin qui déplore que les baisses, en revanche, ne leur “aient pas bénéficié”.
Alors que la période de négociation entre fournisseurs et distributeurs est largement entamée, la CLCV demande une plus grande transparence en particulier sur la constitution des marges.
Début janvier, les syndicats agricoles ont adressé une lettre ouverte à leur ministre et à la grande distribution sur les négociations visiblement difficiles entre les éleveurs, confrontés à la hausse de leurs coûts de production, et les enseignes de super et d’hypermarchés.
“La grande distribution n’a pas l’air prête à accepter des hausses de prix”, avait constaté Henri Brichart, vice-président de la FNSEA “alors que les coûts alimentaires de l’élevage ont progressé de 30% pour l’année 2012”.
De son côté, l’Organisation de l’ONU pour l’agriculture et l’alimentation (FAO) a rapporté jeudi une baisse de 7% des prix alimentaires mondiaux en 2012 sur un an.
Pour le troisième mois consécutif, l’indice mensuel des prix, calculé à partir d’un panier de denrées de base, s’est replié en décembre (-1,1% sur un mois) à 209 points, s’établissant en moyenne à 212 points sur l’ensemble de l’année 2012.
“On reste à des niveaux très élevés”, tempère M. Pernin de la CLCV, pour qui on ne peut pas parler d’une “tendance au repli des prix alimentaires”, même si la “crise alimentaire” redoutée par la FAO n’a finalement pas eu lieu.