Les grandes entreprises cotées économisent en attendant des jours meilleurs

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éléphone devant des écrans des cours de la bourse (Photo : Bertrand Guay)

[10/01/2013 18:02:49] PARIS (AFP) Face à une conjoncture incertaine, les grandes entreprises françaises cotées ont préféré en 2012 se constituer un trésor de guerre et moins récompenser leurs actionnaires, tout en préservant la masse salariale, selon une étude publiée jeudi par Havas Worldwide Paris.

Pour cette deuxième étude annuelle du genre, l’agence de communication a passé en revue l’ensemble des entreprises du SBF 120 et non plus celle du seul CAC 40 comme c’était le cas lors de l’édition de l’an dernier.

“La crise n’est plus considérée comme une parenthèse. C’est un état appelé à durer” aux yeux des grands groupes, a souligné Stéphane Fouks, président exécutif de Havas Worldwide, lors d’une présentation à la presse. “On voit la priorité des entreprises se modifier”, selon lui.

Le maître-mot semble être l’attentisme, alors que la crise financière est encore dans les esprits et que 2013 s’annonce encore incertaine malgré les quelques signaux de reprise de l’économie mondiale.

Preuve de cette prudence, les entreprises ont souhaité mettre de l’argent de côté en 2012, à hauteur de 20% de leur trésorerie en moyenne.

Le contraste est fort avec 2011 où la quasi-totalité de la richesse créée par le SBF 120 était employée, les liquidités disponibles n’atteignant que 3%.

Mieux, plus une entreprise est rentable, plus elle a tendance à se constituer un matelas de liquidités. C’est le cas notamment pour les groupes industriels et ceux du CAC 40.

Au total, les entreprises françaises semblent plus conservatrices sur ce point que leurs homologues allemandes et surtout britanniques, montre l’étude.

Les salariés et actionnaires “acceptent que les entreprises constituent des réserves de cash, ce qui aurait été inacceptable il y a un an pour l’opinion publique et il y a quelques années pour les marchés financiers”, a résumé Bénédicte Hautefort, associée chez Havas Worldwide Paris et citée dans un communiqué.

Tour de vis

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éphane Fouks, président exécutif de Havas Worldwide, le 30 janvier 2002 à Levallois-Perret près de Paris (Photo : Philippe Desmazes)

L’étude insiste sur le fait que parmi ces entreprises, l’ensemble des postes de dépenses sont réduits en 2012, sauf la masse salariale et les investissements de production.

La masse salariale devrait progresser de 2% en 2012 au sein du SBF 120, mais de seulement 1% pour le seul CAC 40. Cela n’empêchera pas les entreprises de procéder à des suppressions d’effectifs, au nombre de 60.000 environ pour 2013 déjà annoncées selon Havas Paris.

Les actionnaires ne sont pas épargnés par ce tour de vis puisqu’ils ont vu leur rémunération (dividendes et rachats d’actions) reculer de 11% l’an passé. Les dividendes ont été réduits ou supprimés dans 16 entreprises du SBF 120 et les rachats d’actions sont moins fréquents.

Pour ce qui est des dirigeants, les chiffres fournis par l’étude portent sur l’annnée 2011 et montre une baisse de 11% de leur rémunération, moins déconnectée des performances de l’entreprise, même si la part fixe augmente. L’étude prévient que l’année 2013 pourrait être différente compte tenu notamment de la pression fiscale.

Autre point notable, les grands groupes poursuivent leur désendettement mais n’en font plus une priorité. Ils ont tendance dans le même temps à faire davantage appel au marché obligataire pour se financer.

Enfin, les grandes entreprises françaises se montrent peu téméraires pour ce qui est de leur politique d’acquisition, ce qui est un choix “spécifiquement français”, selon l’étude. En 2012, la croissance externe du SBF 120 est inférieure de moitié à celle de 2011.

L’étude se fonde sur une analyse quantitative des documents de référence des entreprises de 2006 à 2011 ainsi que des données publiées par les communiqués du premier semestre et troisième trimestre de 2012.

S’ajoute un volet d’analyse qualitative qui porte sur une série d’entretiens individuels menés en novembre et décembre 2012 avec une centaine de personnes dont des PDG, des membres de conseils d’administration ou de conseils de surveillance ou encore des directeurs financiers.